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LOI VARIA SUR LE CRIME DE LÈSE-MAJESTÉ ( 90 av. J.-C. ) |
Appianus, Bell. Civ., I, 37 ( Combes-Dounous, Paris, 1808 ). |
Les
chevaliers ne laissèrent pas de tirer parti de son projet de loi (le
projet de Drusus), pour traduire leurs propres ennemis en jugement.
Ils persuadèrent le tribun Quintus Varius de présenter une loi pour
qu'on fit un procès à ceux qui favorisaient, soit manifestement, soit
clandestinement, l'ambition qu'avaient les alliés d'obtenir les droits
de cité. Ils se flattaient de soumettre aussitôt à une accusation odieuse
tous les personnages les plus considérables, de les juger eux-mêmes,
et après s'en être débarrassés, de donner un plus grand essor à leur
autorité. Les autres tribuns s'opposèrent à cette loi ; mais les
chevaliers qui étaient présents aux comices, armés de glaives nus, la
firent passer. Incontinent, les accusateurs se jetèrent avec impétuosité
sur les plus illustres des sénateurs. Bestia, pour ne pas comparaître
et se livrer lui-même à ses ennemis, se condamna à un exil volontaire.
Cotta, après lui, se présenta devant le tribunal, parla avec éloge de
ce qu'il avait fait dans les fonctions publiques qu'il avait remplies,
se livra ouvertement à l'invective contre les chevaliers; et, cela fait,
à son tour il s'exila lui-même, avant que ses juges eussent prononcé.
Memmius, le conquérant de la Grèce, ignominieusement joué par les chevaliers
qui lui avaient promis de l'absoudre, fut condamné à l'exil, et il finit
ses jours à Délos. |
Cicero, Brut., 89 ( Richard, Paris, 1934 ). |
304. Hortensius
était, la première année de la guerre, simple soldat, la seconde, tribun
militaire ; Sulpicius, en sa qualité de légat, était absent ;
Antoine également. Un seul tribunal fonctionnait, pour appliquer la
loi Varia ; la guerre faisait chômer tous les autres. J'assistai
fréquemment aux audiences ; sans doute les intéressés, se défendant
eux-mêmes, n'étaient pas, tels Lucius Memmius et Quintus Pompéius, des
orateurs de premier ordre, mais c'étaient des orateurs, et, dans chaque
affaire, il y avait un témoin sachant manier la parole, Philippe, qui
dans ses dépositions enflammées avait toute la violence et toute l'abondance
d'un accusateur. 305. Tous les autres,
que l'on classait alors au premier rang, étaient magistrats, et presque
chaque jour, j'allais les entendre dans les assemblées politiques. Caius
Curion était alors tribun de la plèbe ; lui, il est vrai, gardait
le silence, ayant été une fois lâché par toute l'assemblée. Quintus
Métellus Céler n'était pas vraiment un orateur, pourtant il savait dire
quelque chose. Habiles à parler, étaient Quintus Varius, Caius Carbon,
Cnaeus Pomponius : ils avaient élu domicile à la tribune. Caius
Julius de son côté, édile curule, apportait presque chaque jour des
discours soigneusement préparés. Mon très vif désir d'écouter fut mis
à l'épreuve d'un premier chagrin, l'exil de Cotta ; mais j'allais
fréquemment entendre les autres ; mon zèle était extrême ;
chaque jour j'écrivais, je lisais, faisais des exercices ; et je
ne me contentais pas de ceux qui pouvaient me former à l'éloquence.
Puis, l'année suivante, Quintus Varius, condamné par application de
sa loi, était parti pour l'exil. |
Valerius Maximus ( Constant, Paris, 1935 ). |
III,
7. (8) M. Scaurus
eut même sort, même vieillesse longue et robuste et même caractère.
Accusé du haut de la tribune d'avoir reçu de l'argent de Mithridate
pour trahir la république, voici de quelle manière il se défendit :
"Romains, dit-il, c'est une situation par trop désavantageuse,
que d'avoir à rendre compte de sa conduite devant d'autres hommes que
ceux qui en ont été les témoins. La plupart d'entre vous n'ont pu me
voir dans les honneurs et dans l'exercice des fonctions dont j'ai été
revêtu. Néanmoins, j'oserai vous poser cette question : « Varius
Sévérus de Sucrone affirme que Aemilius Scaurus s'est laissé corrompre
par les présents du roi et a trahi les intérêts de l'empire romain ;
Aemilius Scaurus déclare qu'il n'a rien de semblable à se reprocher.
Lequel des deux en croyez-vous sur sa parole ? » A ce discours
le peuple est saisi d'admiration ; et, à force de clameurs, il
contraignit Varius à se désister d'une accusation si extravagante. (An
de R. 662.) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . |
VIII,
6. (4) Q. Varius,
à qui l'incertitude de son titre de citoyen a valu le surnom d'Hybride,
fit passer, pendant son tribunat, malgré l'opposition de ses collègues,
une loi prescrivant de poursuivre ceux qui auraient, par des menées
perfides, poussé les alliés à prendre les armes contre Rome. Ce fut
pour le plus grand dommage de la république : car cette loi provoqua
d'abord la guerre sociale et ensuite la guerre civile. Mais ce Varius,
tribun pernicieux avant même d'être reconnu citoyen, fut pris dans les
pièges de nos divisions intestines et périt victime de sa propre loi.
(An de R. 662.) |
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