LOI VALERIA
  
ÉTABLISSANT LA REMISE DE TROIS QUARTS DES DETTES
  
SUITE AUX PERTURBATIONS PROVOQUÉES PAR LA GUERRE EN ASIE
  
( 86 av. J.-C. )


     
Cicero, Font( Nisard, Paris, 1840 ).
  

 
1. (1) ... Qu'il le fallait. A-t-il payé comme ont fait tous les autres ? C'est ainsi, juges, que je défends M. Fontéius, et je soutiens qu'après la loi Valéria, depuis la questure de M. Fontéius jusqu'à celle de T. Crispinus, nul n'a payé autrement ; qu'il a suivi l'exemple de tous ses devanciers, et que tous ses successeurs ont suivi le sien. (2) De quoi l'accuse-t-on ? que lui reproche-t-on ? L'accusateur blâme Fontéius de n'avoir pas fait entrer les quarts et les trois quarts de l'as dans des registres en parties doubles, tels que ceux dont il dit qu'Hirtuléius faisait usage ; mais je ne sais s'il se trompe ou s'il veut vous induire en erreur. En effet, je vous le demande, M. Plétorius, ne devenez-vous pas vous-même l'avocat de notre cause, s'il est prouvé que Fontéius, dans ce que vous lui reprochez, peut s'appuyer de l'exemple de celui que vous comblez d'éloges, d'Hirtuléius, et que le même Hirtuléius, dans ce que vous louez en lui, est fidèlement imité par Fontéius ? Vous blâmez le mode de payement ; les registres publics font foi que tel était le mode adopté par Hirtuléius. Vous louez ce dernier d'avoir établi l'usage des livres en parties doubles : Fontéius s'en est servi aussi, et pour le même genre de payement. Je ne veux pas que vous l'ignoriez, ni que vous pensiez que ces registres appartiennent à un autre ordre de dettes arriérées : c'est pour le même motif, pour les mêmes opérations, qu'il les a adoptés. C'est avec les publicains, à qui l'on avait affermé la province d'Afrique, les droits d'entrée de la ville d'Aquilée ...
2. (3) ... On ne trouvera personne, juges, personne qui prétende avoir donné un seul sesterce à M. Fontéius pendant sa questure, ou que Fontéius a détourné quelque chose de l'argent qu'il recevait pour le trésor public ; on ne trouvera dans ses registres aucun signe d'un semblable vol, aucune trace d'un nombre altéré ou diminué. Or, tous ceux que nous voyons accusés, poursuivis pour les délits de ce genre ont d'abord à lutter contre une foule de témoins ; car il est difficile que celui qui a donné de l'argent à un magistrat ne soit point porté par la haine ou forcé par la conscience a venir le déclarer. Ensuite, si l'on parvient, par quelque séduction, à écarter les témoins, les registres sont incorruptibles ; ils demeureront avec toute leur vérité. Supposez que Fontéius n'ait eu que des amis, ou qu'un si grand nombre d'hommes qui ne le connaissent pas, qui lui sont tout à fait étrangers, aient voulu sauver ses jours ou ménager sa réputation, il resterait toujours le témoignage des comptes et des registres, où la fraude, la soustraction, la contradiction entre les recettes et les dépenses, ne peuvent échapper. Tous ceux dont il a été question ont porté sur leurs livres les sommes reçues au nom du peuple romain : s'ils en ont payé ou donné à d'autres d'équivalentes, si tout ce qu'ils ont reçu pour l'État, ils l'ont dépensé pour l'État, il ne peut certes y avoir rien d'altéré dans les comptes. Si d'autres ont détourné quelque argent à leur profit, leur caisse, leurs registres ...