LOI THORIA
   
LIMITANT LES EFFETS DE LA PRIVATISATION DE L'« AGER PUBLICUS »
   
( 111 av. J.-C. )


     
Appianus, Bell. Civ., I, 27 ( Combes-Dounous,
Paris, 1808 ).
  

 
Ce fut ainsi que se termina la sédition du second des Gracques. Peu de temps après, on fit une loi pour autoriser les assignataires à vendre leur propre lot, inaliénabilité sur laquelle on discutait et qui avait été décidée par le premier des Gracques. Sur-le-champ, les riches se mirent à acquérir les lots des pauvres, ou les dépouillèrent avec violence, sous divers prétextes. La condition de ces derniers fut encore empirée, jusqu'à ce que le tribun Spurius Thorius fit passer une loi selon laquelle l'ager publicus ne serait plus distribué, mais deviendrait propriété de ses occupants, et qui établissait sur ces terres, au profit du peuple, une contribution pécuniaire qui devait être distribuée. Par cette distribution la détresse de ces malheureux se trouva bien un peu soulagée ; mais on n'en recueillit aucun fruit sous le rapport de la population. La loi de Gracchus, si utile et si avantageuse, si son exécution avait été praticable, ayant été une fois anéantie par ces astucieuses dérogations, un autre tribun ne tarda pas à supprimer la contribution complètement frustré de toutes ses espérances. Il résulta de tout cela que le nombre des citoyens en mesure d'être soldats se réduisit encore davantage ; que le produit de l'ager publicus fut diminué ; que le peuple vit disparaître les distributions, et enfin la loi elle-même, dans l'espace de quinze ans au plus, qui s'écoulèrent depuis sa promulgation ; et cela parce qu'on était resté inerte pour l'exécution des mesures judiciaires.
 

     
Cicero, Brut., 36, 136 ( Richard, Paris, 1934 ).
  

 
... Spurius Thorius eut assez d'action comme orateur populaire : ce fut lui qui affranchit les détenteurs du domaine public de l'impôt dont les avait chargés une loi aussi mauvaise qu'inutile. ...
 

     
 Cicero, De or., II, 70 ( Nisard, Paris, 1840 ).
  

 
284. Mais, de toutes les plaisanteries, il n'y en a pas qui fassent plus rire que celles qui sont imprévues ; j'en pourrais citer beaucoup d'exemples. On discutait dans le sénat sur les terres publiques et sur la loi Thoria, et l'on accusait Lucilius de faire paître ses troupeaux sur un terrain public : « C'est une erreur, dit Appius, en feignant de le défendre, ce troupeau n'appartient pas à Lucilius » ; « je pense, moi, que c'est un troupeau libre, et qui va paissant où bon lui semble. »