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LOI
SULPICIA DISTRIBUANT LES ALLIÉS ET LES AFFRANCHIS DANS TOUTES LES TRIBUS ( 88 av. J.-C. ) |
Appianus, Bell. Civ., I ( Combes-Dounous, Paris, 1808 ). |
55. ... D'un
autre côté, Marius, qui pensait que cette guerre était
aussi facile que lucrative, et qui désirait d'en être chargé,
engagea par de grandes promesses le tribun Publius Sulpicius à
le servir dans ce dessein. En même temps, il fit espérer
aux alliés, à qui l'on venait d'accorder les droits de
cité, et qui ne formaient que la minorité dans les élections,
qu'il les ferait distribuer dans toutes les tribus ; et afin d'être
secondé par eux dans toutes ses vues, il s'abstint de faire rien
pressentir touchant son intérêt personnel. Sulpicius présenta
sur-le-champ une loi à ce sujet ; et si cette loi eût
été votée, tout devait tourner au gré de
Marius et de Sulpicius, parce que les nouveaux citoyens étaient
en bien plus grand nombre que les anciens. Ceux-ci, qui prévoyaient
qu'ils auraient le dessous dans les assemblées publiques, conçurent
une vive inimitié contre les autres. Ils se harcelaient réciproquement
à coups de bâton, à coups de pierres. Le mal empirait
chaque jour ; de manière que les consuls, redoutant le jour
du vote de la loi, qui approchait, proclamèrent un iustitium
pour plusieurs jours, ainsi qu'on est dans l'usage de le faire à
l'occasion des grandes solennités ; et cela dans la vue
de reculer le jour des comices et le danger. |
56.
Sulpicius, impatient de cette mesure, ordonna à ceux de son parti
de se rendre dans le Forum, armés de glaives sous leurs habits,
et d'exécuter tout ce qu'exigeaient les circonstances, sans même
respecter les consuls, s'il fallait aller jusqu'aux actes de violence.
Après qu'il eut fait toutes ces dispositions, il attaqua, en
pleine assemblée, la proclamation du iustitium, comme
contraire aux lois ; et il enjoignit aux consuls Cornélius
Sylla et Quintus Pompée de le révoquer sur-le-champ, afin
qu'il pût mettre ses projets de loi en délibération.
Un tumulte s'étant élevé, ceux qui étaient
pourvus de glaives s'en armèrent, et menacèrent de faire
main basse sur les consuls, qui contrariaient les intentions de Sulpicius.
Là-dessus, Pompée s'échappa clandestinement ;
Sylla, de son côté, se retira comme pour délibérer
sur ce qu'il avait à faire. Cependant les séditieux égorgèrent
le fils de Pompée, gendre de Sylla, qui osa s'ingérer
et parler avec trop de liberté et d'énergie. Un moment
après, Sylla reparut, révoqua le iustitium, et
partit pour Capoue rejoindre son armée qui l'y attendait pour
marcher en Asie contre Mithridate ; car il ne se doutait pas le
moins du monde de ce que l'on machinait contre lui. Mais Sulpicius,
aussitôt qu'il eut obtenu la révocation du iustitium,
et qu'il se vit favorisé d'ailleurs par l'absence de Sylla, fit
passer sa loi et donner incontinent à Marius le commandement
de la guerre contre Mithridate, à la place de Sylla ; ce
qui était l'objet de toutes ses manœuvres. |
Livius, Per., LXXVII ( Nisard, Paris, 1864 ). |
Le
tribun du peuple, P. Sulpicius, fait passer, à l'instigation
de C. Marius, plusieurs lois pernicieuses, portant le rappel des
exilés, l'inscription dans les tribus de nouveaux citoyens
et des affranchis ... |
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