LOI SERVILIA SUR LES CONCUSSIONS
  
( 111-100 av. J.-C. )
 

 
Cicero, Balb. ( Cabaret-Dupaty, Paris, 1919 ).
 

 
23. ... (53) ... Écoutez maintenant la décision du peuple romain, donnée dans plusieurs occasions, et confirmée par la pratique dans des causes importantes. Qui ne sait qu'on a fait un traité avec tous les Latins, sous le consultat de Sp. Cassius et de Postumus Cominius ? Nous nous rappelons que ce traité fut dernièrement gravé sur une colonne d'airain, placée derrière les Rostres. Comment L. Cossinius de Tibur, père du chevalier romain d'une grande vertu et très-distingué ; comment T. Coponius, de la même ville, personnage d'un mérite rare (vous connaissez ses petits-fils T. et C. Coponius), sont-ils devenus citoyens romains, après avoir fait condamner (pour concussion), l'un T. Célius, l'autre C. Masso ? (54) Eh quoi ! l'on aura pu parvenir au titre de citoyen par les talents de l'esprit et par l'éloquence, et on ne le pourra par ses exploits et son courage ? Sera-t-il permis aux peuples fédérés de nous enlever des dépouilles, et leur sera-t-il défendu d'en enlever aux ennemis ? ce qu'ils pourront obtenir par la parole, ne pourront-ils le conquérir en combattant ? nos ancêtres ont-ils voulu que de plus grandes récompenses fussent assurées à l'accusateur qu'au guerrier ?
     24. Si, en se soumettant à une disposition très rigoureuse de la loi Servilia, nos premiers citoyens, hommes si sages et si respectables, ont souffert que, par la volonté du peuple, elle ouvrît à des Latins, c'est-à-dire à des peuples fédérés, ce moyen de parvenir au droit de cité ; si la loi Licinia-Mucia n'a pas réformé cette disposition, surtout lorsque la nature même de l'accusation et de la récompense, qu'on ne pouvait obtenir que par la condamnation d'un sénateur, ne pouvait être agréable ni à aucun membre du sénat, ni à aucun homme de bien ; les récompenses accordées par les juges ayant été ratifiées, a-t-on dû mettre en doute que les jugements des généraux n'eussent la même force dans la même circonstance ? Croyons-nous donc que les peuples latins aient obtenu le droit de donner leur consentement par la loi Servilia, ou par les autres qui proposaient aux Latins, pour récompense d'un service, le titre de citoyen ?
 

 
Cicero, Rab. Post., 4 ( Nisard, Paris, 1840 ).
 

 
8. Examiner où est passé l'argent pris par un concussionnaire, c'est pour ainsi dire une suite du jugement et de la condamnation de Gabinius. On a arbitré sa peine ; il n'a pas donné de répondants ; le peuple n'a pu reprendre sur ses biens toute la somme à laquelle il a été condamné. Il existe une loi juste ; la loi Julia ordonne de poursuivre ceux qui seront saisis de l'argent pris par le condamné. Si cet article est nouveau, ainsi que beaucoup d'autres qui sont réglés avec plus d'exactitude et de sévérité que dans les lois anciennes, soit, qu'on introduise encore cette nouvelle espèce de jugements ; 9. Mais si la loi Julia a pris cet article en propres termes, et dans la loi Cornélia, et dans la loi Servilia qui l'a précédée, au nom des dieux ! que faisons-nous ? pourquoi introduire dans la république une nouvelle forme de jugements ?