PROPOSITION DE LOI AGRAIRE
   
CONCERNANT LES DONATIONS ACCORDÉES PAR POMPÉE
  
( 60 av. J.-C. )
 

     
Appianus, Bell. Civ., II, 9 ( Combes-Dounous,
Paris, 1808 ).
  

 
... Pompée, revenant de ses campagnes contre Mithridate au faîte de la gloire et de la puissance, voulait que toutes les nombreuses donations qu'il avait accordées à des rois, à des princes et à des cités, fussent confirmées par le Sénat. Mais, par jalousie, la majorité des sénateurs s'y opposa, et surtout Lucullus, qui, ayant, avant Pompée, guerroyé contre Mithridate, estimait l'avoir laissé très affaibli à Pompée, et déclarait que la victoire sur Mithridate était son œuvre à lui. Et Lucullus trouva le soutien de Crassus. Indigné donc, Pompée se rapprocha de César et lui jura de contribuer à lui obtenir le consulat. Ce dernier, de son côté, eut vite fait de réconcilier Pompée avec Crassus. Et ces trois hommes, qui disposaient du plus grand pouvoir dans tous les domaines mirent en commun leurs moyens ; un écrivain, Varron, embrassant dans un seul ouvrage le récit de cette entente l'intitula Tricaranos, « le monstre à trois têtes. » Le Sénat, qui les regardait d'un oeil soupçonneux, pour contrer César, lui fit élire comme collègue Lucius Bibulus.
 

     
Cicero, Att., I ( Nisard, Paris, 1841 ).
  

 
18. (6) ... Une loi agraire a été proposée par Flavius. Elle est bien pâle ; c'est, à peu de chose prés, la loi Plotia. ...
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19. (2) Le tribun du peuple Flavius poussait vivement sa loi agraire. Pompée le soutenait ; et c'est tout ce qu'il y avait de populaire dans le projet. Voici quel fut mon avis, écouté avec grande faveur : je retranchais de la loi tout ce qui porte préjudice aux tiers ; j'exceptais du partage les terres vendues publiquement sous le consulat de P. Mucius et de L. Calpurnius ; je maintenais les dotations de Sylla, et je laissais enfin aux habitants de Volaterre, ainsi qu'aux Arrétins, les terres qu'il a confisquées sur eux, mais qui ne sont point partagées. Je ne conservais qu'un seul article, celui qui prescrit d'employer, pendant cinq ans, à des acquisitions de terres, le produit des nouveaux impôts. Le sénat ne voulait rien de la loi, parce qu'il y entrevoyait un accroissement de pouvoir qu'on ménage à Pompée. Pompée, de son côté, s'employait de toutes ses forcés pour la faire passer. Quant à moi, c'est aux applaudissements des intéressés que je réservais les droits acquis (réserve, vous le savez de reste, qui s'applique exclusivement aux riches nos amis). En effet, au moyen des acquisitions à faire, je pourvoyais, d'un autre côté, à l'intérêt du peuple et à celui de Pompée, ce à quoi je tiens absolument. Enfin mon système, habilement appliqué, avait l'avantage de nettoyer la sentine de Rome, et de peupler les solitudes de l'Italie.
 

     
Dion Cassius, XXXVII, 50 ( Gros, Paris, 1845-70 ).
  

 
Le tribun du peuple, qui proposait de distribuer des terres aux soldats de Pompée, ajouta à sa rogation, pour la faire passer plus facilement et pour obtenir la ratification des actes de Pompée, que tous les citoyens recevraient certains lots. Metellus le combattit avec tant d'ardeur, qu'il fut mis en prison par le tribun. Il voulut assembler le sénat dans la prison ; mais ce tribun, nommé Flavius, plaça sa chaise tribunitienne à la porte et s'assit là, afin que personne ne pût entrer. Alors Métellus fit percer le mur, pour ouvrir un passage aux sénateurs et se disposa à passer toute la nuit en prison. Pompée rougit en apprenant cet événement : en même temps il craignit l'indignation de la multitude et enjoignit au tribun de s'éloigner ; disant qu'il lui donnait cet ordre à la prière de Métellus. Mais on ne le crut pas ; parce que tout le monde connaissait la grandeur d'âme de Métellus : en effet, les autres tribuns lui ayant proposé de le délivrer, il avait refusé. Flavius le menaça ensuite de ne pas lui permettre de se rendre dans la province qui lui avait été assignée par le sort, s'il ne laissait point passer sa loi : Métellus ne céda pas et resta à Rome sans se plaindre. Pompée, voyant qu'il n'obtenait rien à cause de l'opposition de Métellus et de plusieurs autres citoyens, dit qu'il était victime de leur jalousie et qu'il dénoncerait leurs menées au peuple ; mais la crainte de s'exposer à une nouvelle honte, s'il échouait encore, le détermina à se désister de sa demande. Reconnaissant enfin qu'il n'avait plus de crédit, qu'un vain nom et l'envie étaient tout ce qu'il conservait de son ancienne puissance et qu’elle ne lui était réellement d'aucun secours, il se repentit d'avoir prématurément congédié son armée et de s'être livré à ses ennemis.
 

     
Velleius Paterculus, II, 40 ( Hainsselin & Watelet, Paris, 1932 ).
  

 
... Mais la supériorité est toujours jalousée. Lucullus n'oubliait pas l'outrage reçu, Métellus le Crétois se plaignait non sans raison que Pompée lui eût enlevé des généraux prisonniers qui devaient orner son triomphe. Soutenus par une partie des nobles, ils s'opposaient à ce qu'on accordât, selon les désirs de Pompée, les récompenses que celui-ci avait promises aux cités et à ceux qui l'avaient bien servi.