PRÉAMBULE
  
DES INSTITUTES DE L'EMPEREUR JUSTINIEN
  
( 21 novembre 533 apr. J.C. )
 

 
H. Hulot, Les Institutes de l'empereur Justinien, in-8, I, Metz-Paris, 1806, pp. 18-25 ).
 

 
AU NOM DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST
L'EMPEREUR CÉSAR FLAVIUS JUSTINIEN, VAINQUEUR DES ALLEMANDS, DES GOTHS,
DES FRANCS, DES GERMAINS, DES ANTES, DES ALAINS, DES VANDALES, DES AFRICAINS, PIEUX, HEUREUX, GLORIEUX, VAINQUEUR ET TRIOMPHATEUR, TOUJOURS AUGUSTE,
À LA JEUNESSE QUI DÉSIRE S'ADONNER À L'ÉTUDE DES LOIS, SALUT.
 
      La majesté d'un prince ne doit pas seulement briller par la force des armes, il faut encore qu'elle soit redoutable par l'autorité des lois, afin que l'État soit bien gouverné en temps de paix et en temps de guerre ; que le prince soit victorieux de ses ennemis dans les combats ; qu'il réprime l'injustice des calomniateurs par la sagesse de ses lois, et enfin qu'il se rende aussi recommandable par sa justice, que grand par ses victoires et ses triomphes.
      1. C'est à force de veilles et de travaux, et avec le secours de Dieu et de la divine providence, que nous avons rempli cette double carrière. Nous avons fait ressentir la force de nos armes aux nations barbares que nous avons conquises ; nous avons fait aussi rentrer sous notre obéissance non seulement l'Afrique, mais encore un grand nombre d'autres provinces qui avaient été longtemps sous la domination de nos ennemis. Ainsi tous les peuples sont soumis, tant aux lois que nous avons publiées, qu'à celles que nous avons rédigées par ordre. 2. Après avoir tiré les constitutions impériales de la confusion où elles étaient, et les avoir mises en ordre, nous avons travaillé sur un nombre infini de volumes des anciens jurisconsultes, afin de les réduire en un seul ; et flottant pour ainsi dire sur un grand océan, nous avons, avec le secours du ciel, achevé en peu de temps un ouvrage inutilement tenté par plusieurs de nos prédécesseurs. 3. Après cet heureux succès, dont nous sommes redevables à Dieu, nous avons appelé auprès de nous Tribonien, homme d'un rare mérite, grand maître et ex-questeur de notre hôtel, et ancien consul ; et aussi Théophile et Dorothée, tous deux personnages illustres, et consommés dans la science des lois ( de chacun desquels nous avons éprouvé la capacité et la profonde érudition dans la jurisprudence, et même l'exactitude et la fidélité à exécuter nos ordres dans plusieurs occasions ) ; nous leur avons ordonné spécialement de composer sous notre autorité, et conformément à nos intentions, des Institutes ; afin que, sans avoir besoin des anciens livres qui sont pleins de maximes hors d'usage, vous puissiez recevoir de la majesté impériale les premiers principes de la science des lois ; que vous n'écoutiez et ne lisiez rien d'inutile, mais seulement ce qui se pratique aujourd'hui ; enfin, pour que vous puissiez d'abord lire les constitutions des empereurs, qu'autrefois l'on ne voyait qu'à peine après la quatrième année d'étude : heureux de jouir de ces avantages, et d'avoir l'honneur de tenir de votre prince même le commencement et la fin de l'étude des lois. 4. C'est donc par cette raison qu'aussitôt que Tribonien et ses collègues, distingués par leur talent et leur éloquence, ont eu achevé de renfermer tout le droit ancien dans les cinquante livres du Digeste ou des Pandectes, nous avons fait diviser les Institutes en quatre livres, pour être les éléments et les premiers principes de toute 1a jurisprudence. 5. Nous y avons exposé succinctement tout ce qui était de l'ancien droit, et de celui qui, après avoir été en vigueur et cessé d'être observé, a depuis été rétabli par notre autorité. 6. Les trois personnes distinguées, dont nous venons de parler, nous ayant présenté ces éléments de jurisprudence, qu'ils ont tirés de toutes les Institutes des anciens jurisconsultes, et principalement de celles de Gaius, de ses journaux, recueils et commentaires, nous les avons lus et approuvés, et leur avons donné la même autorité qu'à nos ordonnances.
     7. Recevez donc ces lois avec empressement, et rendez-vous si habiles, que vous puissiez espérer d'être en état un jour, après avoir achevé cette étude, de participer au gouvernement de l'empire, dans les charges qui vous seront confiées.
 
   Fait à Constantinople, le XI des calendes de décembre. L'empereur Justinien, toujours auguste, et consul pour la troisième fois.