PROPOSITION DE LOI AGRAIRE
  
DU TRIBUN TIBÉRIUS PONTIFICIUS
  
( 481 av. J.-C. )
 

     
Livius, II, 44 ( Nisard, Paris, 1864 ).
  

 
1. Cette année, un nouveau tribun se présenta pour soutenir la loi agraire ; ce fut Tibérius Pontificius. Suivant la même marche que Spurius Licinius, comme si elle eût réussi, il arrêta quelque temps les levées. 2. Les sénateurs s'en troublèrent de nouveau ; mais Appius Claudius leur dit : "Que la puissance tribunitienne avait été vaincue l'année précédente, qu'elle l'était dans le présent par le fait même, et pour l'avenir par l'exemple, puisqu'on avait découvert qu'elle pouvait se dissoudre par ses propres forces ; 3. qu'il se trouverait toujours quelque tribun disposé pour lui-même à remporter la victoire sur son collègue, et dans l'intérêt public à se concilier la faveur du premier ordre de l'État. Que si plusieurs étaient nécessaires, plusieurs seraient prêts à soutenir les consuls : mais qu'il n'était besoin que d'un seul contre tous les autres. 4. Que c'était aux consuls et aux patriciens les plus influents à gagner, sinon tous les tribuns, au moins quelques-uns d'entre eux, à la cause de la république et du sénat." 5. Les patriciens suivirent le conseil d'Appius, tous parlaient aux tribuns avec douceur et bienveillance ; les consulaires, selon qu'ils avaient plus ou moins de droits sur chacun d'eux en particulier, obtinrent, les uns par affection, les autres par autorité, qu'ils n'emploieraient les forces du tribunat que dans l'intérêt de la république. 6. Secondés par quatre tribuns contre le seul qui entravait le service public, les consuls parviennent à faire les levées.