LOI
POETELIA PAPIRIA RÉFORMANT LE « NEXUM » ( 326 av. J.-C. ) |
( J. Imbert in Histoire des Institutions.., Paris, 1957, p. 152, n. 86 ). |
Cette
année le peuple romain recommença, pour ainsi dire, une
liberté nouvelle : l'asservissement des débiteurs
fut aboli ; le droit changea, grâce tout ensemble et à
la luxure et à l'insigne cruauté d'un usurier, L. Papirius.
Il retenait chez lui C. Publilius, qui s'était livré
pour répondre des dettes de son père : l'âge,
la beauté du jeune homme, qui pouvaient émouvoir sa pitié,
n'enflammèrent que son penchant au vice et à l'outrage.
Prenant cette fleur de jeunesse pour un supplément d'intérêt
de sa créance, il essaya d'abord de le séduire par d'impudiques
paroles ; puis, comme Publilius fermait l'oreille à ses
instances, il cherche à l'effrayer, le menace, affecte de lui
rappeler sa misère. Voyant enfin qu'il avait plus de souci de
l'honneur de sa naissance que de sa fortune présente, il ordonne
qu'on le mette nu, et qu'on apporte les verges. Déchiré
sous les coups, le jeune homme s'échappe par la ville, se plaignant
à tous de l'infamie et de la cruauté de l'usurier :
les citoyens viennent en foule, émus de compassion
pour sa jeunesse, indignés de son outrage ; on s'échauffe,
on craint pour soi, pour ses enfants un pareil sort ; du Forum,
où l'on se rassemble, on court à la Curie. Et comme les
consuls, surpris et entraînés dans ce mouvement, avaient
convoqué le sénat, à mesure que les sénateurs
entrent dans la Curie, on se précipite à leurs pieds,
on leur montre le corps déchiré du jeune homme. Ce jour-là,
la violence et l'attentat d'un seul brisèrent le lien énorme
de la Fides : les consuls eurent ordre de proposer au peuple que
jamais, sinon pour crime, et en attendant le supplice mérité,
un citoyen ne pût être tenu dans les chaînes ou les
entraves : les biens du débiteur, non son corps, répondraient
de sa dette. Ainsi tous les nexi furent libérés,
et on défendit pour toujours de remettre aux fers un débiteur. |
► Source : Livius, VIII, 28. |