ÉDIT DE JUSTINIEN
  
RÉPRIMANT LES CRIMES CONTRE NATURE
ET LES BLASPHÈMES EN DIEU
  
( 538 ? apr. J.-C. )
 

 
M. Berenger, Les Novelles de l'Empereur Justinien..., in-8, V, Metz, 1807, pp. 129-135 ).
 

 
L'empereur Justinien aux habitants de Constantinople.
PRÉFACE.
      Les hommes sages sont très certainement convaincus que nous veillons à ce que les sujets qui nous ont été confiés par Dieu, notre seigneur, vivent dans la vertu, et obtiennent la miséricorde divine. Et, attendu que Dieu ne veut pas la punition des hommes, mais leur conversion et leur salut, attendu qu'il reçoit les pécheurs qui se sont corrigés, nous invitons tous nos sujets à être pénétrés de sa crainte, et à implorer sa clémence : car nous avons reconnu que tous ceux qui chérissent le seigneur, et qui obtiennent sa miséricorde, agissent ainsi.
CHAPITRE I.
      En conséquence, comme certaines personnes, mues par une instigation diabolique, se livrent à des luxures très graves, et qu'elles commettent des crimes contraires à la nature, nous leur enjoignons de redouter Dieu et le jugement à venir, de s'abstenir de luxures diaboliques et illicites semblables, afin que de telles actions ne leur attirent pas la juste colère de Dieu, et n'occasionnent pas la perte des villes et de leurs habitants. Car les divines écritures nous apprennent que des villes et des hommes ont également péri par de pareilles impiétés.
      1. Et, comme il est aussi des personnes qui prononcent des paroles blasphématoires, qui jurent par Dieu et qui provoquent sa colère, nous leur enjoignons de ne plus le faire, de s'abstenir de tous autres blasphèmes, et de ne pas jurer par les cheveux ou la tête de Dieu, ou par d'autres mots approchants. Car si les blasphèmes prononcés contre les hommes ne demeurent pas impunis, à plus forte raison ceux qui blasphèment contre Dieu lui-même méritent-ils des châtiments. Nous ordonnons donc à tous les hommes de ne plus commettre de semblables crimes, d'avoir la crainte de Dieu dans leur cœur, et d'imiter les sectateurs de la vertu ; parce que ce sont les crimes contre nature qui occasionnent les famines, les tremblements de terre et les pestes : et c'est pour prévenir de tels maux, c'est afin que les hommes ne perdent pas leurs âmes, que nous les avertissons de ne pas se livrer aux impiétés prédites. Mais si, après l'avertissement que nous leur donnons, quelques-uns sont surpris à persévérer dans de tels excès, ils se rendront d'abord indignes de la miséricorde divine, ensuite ils seront soumis aux châtiments établis par les lois.
      2. Car nous ordonnons au très glorieux préfet de cette province royale d'arrêter, après la présente admonition, ceux qui persévéreront dans les actes impies et illicites que nous prohibons, de les soumettre aux derniers supplices, afin que cette ville et la république ne souffrent pas de leurs impiétés et de leur mépris pour les présentes dispositions. Si, après cette loi, certains magistrats découvrent de tels crimes, et les laissent impunis, ils subiront la condamnation céleste. Si le très glorieux préfet lui-même ne punit pas selon nos lois les personnes qu'il surprendra en flagrant délit, il sera soumis au jugement de Dieu et il encourra toute notre indignation.
 

  
►  
Sources : Novelles de Justinien, LXXVII.