ÉDIT
DE JUSTINIEN RELATIF À CEUX QUI COMMETTENT LE CRIME DE SODOMIE ( 559 apr. J.-C. ) |
( M. Berenger, Les Novelles de l'Empereur Justinien..., in-8, X, Metz, 1810, pp. 14-19 ). |
L'empereur Justinien, Auguste, aux habitants de Constantinople. |
PRÉFACE. |
Nous
avons continuellement besoin d'implorer la bienveillance et la bonté
de Dieu, maintenant surtout où nous l'avons diversement provoqué
à la colère par la multitude de nos péchés.
Et quoiqu'il nous menace des peines que nous méritons, il nous
montre cependant sa clémence, il a remis sa colère à
un autre temps, et il attend que nous fassions pénitence ;
car il veut moins notre mort que notre conversion et notre salut.
Or il serait injuste que nous méprisassions la grandeur de sa
bonté, de sa clémence et de sa patience infinie ;
car en fuyant la pénitence et en tombant dans l'endurcissement,
nous accumulerions la colère céleste sur notre tête
au jour de sa vengeance. Mais tandis que nous faisons nos efforts pour
nous abstenir de commettre des actions improbes, il est des gens qui
se corrompent par un crime abominable, impie et abhorré de Dieu.
Nous parlons de celui de sodomie, que les hommes ont la témérité
sacrilège de commettre. |
CHAPITRE I. |
Instruits
par les saintes écritures, nous savons que Dieu, pour punir cette
fureur qu'avaient les hommes de s'unir entre eux, a infligé un
juste châtiment à ceux qui habitaient autrefois la ville
de Sodome, et qu'il a condamné cette terre criminelle à
brûler jusqu'à ce jour d'un feu inextinguible ; Dieu
nous apprenant par-là que nous devons avoir en horreur un crime
aussi contraire aux lois de la nature. Nous savons encore ce que le
divin apôtre a dit à ce sujet, et nous connaissons les
dispositions promulguées par les lois de notre république.
D'où il suit que tous ceux qui sont pénétrés
de la crainte de Dieu, doivent s'abstenir de commettre une action qui
est tellement impie et criminelle, qu'elle est étrangère
aux animaux eux-mêmes ; et que ceux qui ne s'en sont pas
encore rendus coupables, doivent s'en préserver pour l'avenir.
En conséquence, les hommes qui languissent dans ce genre d'impureté,
non seulement cesseront de pécher, mais ils feront pénitence,
ils tomberont devant Dieu, ils confesseront leur faute au très
heureux patriarche, et ( comme il est dit ) ils recueilleront
les fruits de leur repentir ; les magistrats, en poursuivant les
coupables, se concilieront Dieu, dont nous avons provoqué la
colère ; ce Dieu plein de bonté daignera aussi, par
la grandeur de sa commisération, nous accorder sa clémence,
et tous lui rendront grâces du salut des pécheurs repentants ;
nous le supplierons dans la solennité des jours saints d'amener
à la pénitence ceux qui se couvrent des souillures infâmes
que nous prohibons, afin que nous ne soyons plus dans le cas de les
poursuivre. Nous prévenons tous les individus qui commettront
par la suite le crime de sodomie, que s'ils ne cessent de pécher,
que s'ils ne confessent leur iniquité au très saint patriarche,
que s'ils ne prennent soin de leur salut et n'apaisent Dieu les saints
jours de fêtes, ils s'attireront des châtiments terribles,
et qu'ils ne mériteront à l'avenir aucun pardon. Nous
ne négligerons pas de sévir contre ceux qui ne se repentiront
pas aux très saints jours de fêtes, et qui persisteront
dans leur impiété ; car si nous montrions de la négligence
à ce sujet, nous irriterions Dieu contre nous, et nous partagerions,
en fermant les yeux, un crime aussi impie et aussi propre à provoquer
la colère céleste contre tous les hommes en général.
Le présent édit sera manifesté aux citoyens de
Constantinople. |
Donné
à Constantinople, aux ides de mars, la 32ème année
du règne de l'empereur Justinien, perpétuellement Auguste,
et la 18ème année après le consulat de Basile,
personnage clarissime. |
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