RESCRIT DE JUSTINIEN SUR LES MÉSALLIANCES
  
( 530-531 apr. J.-C. )
 

 
J. Gaudemet, Droit privé romain, 2e éd., Paris, 2000, pp. 335-336, n. 43 ).
 

 
L'empereur Justinien, Auguste, à Jean, préfet du prétoire. — Ulpien se demandait si, lorsqu'un homme qui avait épousé une affranchie était par la suite honoré d'une haute dignité et inscrit sur la liste des sénateurs, son mariage était dissous, étant donné que la loi Papia n'admettait pas qu'il y eût mariage entre sénateurs et affranchies. Pour nous, suivant en cela la décision de Dieu, nous ne tolérons pas que dans un même mariage le bonheur du mari fasse l'infortune de la femme, parce que plus le mari s'élèverait plus son épouse se verrait frappée de déchéance et même en viendrait à disparaître. Qu'une telle rigueur soit étrangère à notre temps ; que ces unions demeurent stables ; que cette femme et son mari occupent une plus grande place, qu'elle ressente l'éclat de sa position ; que leur mariage reste stable, sans être affecté en rien par cet événement. De même, si la fille d'un simple citoyen épouse un affranchi et que par la suite le père de cette femme soit élevé à la dignité sénatoriale, que la disposition très inhumaine de la loi Papia soit réduite au silence et que le mariage entre la fille de celui qui devient sénateur et l'affranchi ne soit pas dissous, car il ne faudrait pas que le gendre ne soit pas associé au succès de son beau-père. Mieux vaut donc écarter dans les deux cas la sévérité de la loi Papia que de détruire des mariages en l'observant en se prévalant non d'une défaillance de la femme et du mari, mais de leur heureuse fortune. Et puisque le défaut vient d'un seul côté, il est logique qu'il soit écarté par une loi.
 


 
►  Source : Code de Justinien, V, 4, 28.