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ÉDIT
DE DIOCLÉTIEN FIXANT
UN MAXIMUM DES PRIX ( 301 apr. J.-C. ) |
( J. Imbert in Histoire des Institutions, Paris, 1957, pp. 216-220, n. 122 ). |
... Puisque
telle est la cupidité d'une fureur indomptée sans aucun
égard de la nécessité commune et puisqu'une avarice
envahissante et une brûlante ardeur au gain, qui leur tiennent
lieu de religion, font estimer à ces gens sans probité
et sans retenue qu'il est plus nécessaire de dépecer la
fortune de tous (leurs concitoyens) plutôt que d'abandonner leurs
projets, et puisqu'ils ne peuvent fermer les yeux plus longtemps à
ceux qu'ils ont réduits aux extrémités de la condition
la plus misérable ; il convient que nous, qui avons vu ces
choses et qui sommes les parents du genre humain, nous intervenions
dans ces affaires par notre justice souveraine, de manière que
l'humanité reçoive par les remèdes de prévoyance,
pour le bien de tous, ce qu'elle ne peut plus espérer garantir
seule de longtemps... Qui en effet aurait le coeur assez dur et serait
à ce point dépourvu d'humanité pour pouvoir ignorer
et ne pas sentir la licence des prix qui s'est répandue dans
les affaires d'argent tant celles qui intéressent le commerce
que celles qui se traitent chaque jour dans la fréquentation
des villes, licence telle que le désir effréné
de rapine n'était calmé ni par l'abondance des produits
ni par la richesse de certaines années ?... Qui donc ignore
que l'audace insidieuse s'attaque aux intérêts publics,
partout où le commun salut de tous exige l'envoi de nos armées,
non seulement dans les villages autant que dans les lieux fortifiés,
mais encore sur tout itinéraire ? Que cette audace ne se
borne pas à extorquer des prix quatre ou huit fois supérieurs
mais si hauts que la langue humaine, dans sa raison, ne peut donner
de nom à cette estimation ? ... |
Il
nous plaît donc que ces prix, désignés dans le bref
document annexé, soient observés par tout notre territoire,
de sorte que tous comprennent qu'on leur retranche la licence de s'en
écarter ; ce qui n'empêche pas, partout où
l'abondance des biens afflue avec évidence, le bienfait du bon
marché auquel on veillera grandement, tout en réfrénant
l'avarice ci-dessus désignée. Entre vendeurs et acheteurs
dont l'habitude est d'aller dans les ports ou de parcourir les provinces
pérégrines, cette loi commune devra être la modération ;
qu'ils sachent, en temps d'indispensable cherté, ne pas transgresser
les prix fixés pour chaque chose, que l'ultime raison de leur
négoce ne soit pas guidée par le désir d'accaparer
ou d'acheter ici pour revendre là, car notre justice perspicace
a voulu qu'en aucune occasion ne puissent vendre plus cher ceux qui
font un transfert de marchandises. Puisque donc chez nos anciens apparaît
avec évidence cette habitude de porter des lois pour réduire
l'audace par la crainte des prescriptions – car il est vraiment
très rare que l'humaine condition soit spontanément portée
au bien, et la très juste crainte des fonctionnaires s'est trouvée
toujours être un précepteur qui fait pencher vers la modération
– il (nous) plaît que, si quelqu'un a l'audace d'agir contre
la forme de ce règlement, il soit condamné à la
peine capitale. Et que personne ne pense que ce statut est trop sévère,
alors que l'on peut si rapidement fuir le péril par l'observance
de la modération. Mais que soit soumis au même péril
celui qui complotera contre les statuts, par esprit de lucre ou cupidité
d'accaparement. Qu'il ne se pense pas non plus à l'abri de cette
sanction, celui qui, possédant les espèces (de biens)
nécessaires à la nourriture ou à l'usage aura cru
bon, après cette réglementation, de les retirer de la
circulation ; puisque la peine doit être plus sévère
à l'égard de celui qui provoque la pénurie que
contre celui qui agit contre les statuts. |
... Ces
prix ne pourront être dépassés par personne, dans
les ventes des marchandises particulières, ainsi qu'il va être
montré ci-dessous : |
I. – G r a i n e s / c é r é a l e s : 1.
Froment, le boisseau [...] ; 2. Orge, le boisseau : 100 deniers ;
3. Seigle, le boisseau : 60 deniers ; 4. Farine de millet, le boisseau
: 100 deniers ; 5. Millet, le boisseau : 50 deniers ; 6. Panic,
le boisseau : 50 deniers ; 7. Epeautre mondé, le boisseau :
100 deniers ; 8. Epeautre en grains, le boisseau : 30 deniers ;
9. Fèves broyées, le boisseau : 100 deniers ; 10.
Fèves non broyées, le boisseau : 30 deniers ;
11. Lentilles, le boisseau : 100 deniers (35 rubriques sous ce
titre). |
II. – V i n s : 1.
Vin du Pincenum, le setier : 30 deniers ; 2. Vin de Tibur, le setier
: 30 deniers ; 3. Vin de Sabine, le setier : 30 deniers ;
... 10. Vin de pays, le setier : 8 deniers ; 11. Cervoise, le setier :
4 deniers ; 12. Bière, le setier : 2 deniers. |
III. – H u i l e s : 1.
Huile de premier choix, le setier : 40 deniers ; 2. Huile de second
choix, le setier : 24 deniers ; 3. Huile ordinaire, le setier :
12 deniers ; 4. Huile apprêtée au raifort, le setier :
8 deniers ; 5. Vinaigre, le setier : 6 deniers ; ... 9. Sel
d'assaisonnement, le setier : 8 deniers ; 10. Miel de premier
choix, le setier : 40 deniers ; 11. Miel de second choix,
le setier : 20 deniers ; 12. Miel f., le setier : 8 deniers. |
IV. – V i a n d e s : 1. Viande
de porc, la livre : 12 deniers ; 2. Viande de boeuf, la livre
: 8 deniers ; 3. Viande de chèvre ou de mouton, la livre
: 8 deniers ; 4. Viande de truie, la livre : 24 deniers ;
... 49. Suif, la livre : 6 deniers ; 50. Beurre, la livre
: 16 deniers. |
V. – P o i s s o n s : 1. Poisson
de mer, la livre : 24 deniers ; 2. Poisson de mer de second
choix, la livre : 16 deniers ; 3. Poisson de rivière,
premier choix, la livre : 12 deniers ; 4. Poisson de
rivière de second choix, la livre : 8 deniers ; 5. Poisson
salé, la livre : 6 deniers ; 6. Huîtres, le cent :
cent deniers ; 7. Oursins, le cent : cinquante deniers ;
... 12. Grandes ou petites sardines, la livre : 16 deniers. |
VI. – L é g u m e s : 1. Grands
artichauts, les cinq : 10 deniers ; 2. Champignons, les dix
: 6 deniers ; 3. Chicorée de premier choix, les dix
: 10 deniers ; 4. Chicorée de second choix, les dix :
4 deniers ; ... 9. Choux de premier choix, les cinq : 4 deniers ;
10. Choux de second choix, les dix : 4 deniers ; ...
12. Grands poireaux, les dix : 4 deniers ; 13. Poireaux
suivants, les vingt : 4 deniers ; ... 18. Grands navets,
les dix : 4 deniers ; 19. Navets suivants, les vingt :
4 deniers ; ... 26. Courges ( les premières ),
les dix : 4 deniers ; 27. Courges suivantes, les vingt
: 4 deniers ; 28. Concombres (les premiers), les dix : 4
deniers ; 29. Concombres suivants, les vingt : 4 deniers ;
... 43. Œufs, les quatre : 4 deniers ; ... 75. Grand
citron : 24 deniers ; 76. Citron suivant : 16 deniers. |
VII. – S a l a i r e s : 1. Journalier
à la campagne, nourri, par jour : 25 deniers ; 2. Tailleur
de pierres, nourri, par jour : 50 deniers ; 3. Menuisier
en bâtiment, nourri, par jour : 50 deniers ; 4. Chaufournier,
nourri, par jour : 50 deniers ; 5. Marbrier, nourri,
par jour : 60 deniers ; 6. Mosaïste, nourri, par
jour : 60 deniers ; ... 65. Pédagogue, par
enfant et par mois : 50 deniers ; 70. Grammairien grec
ou latin et géomètre, par élève et par mois :
200 deniers ; 71. Orateur ou sophiste, par élève
et par mois : 250 deniers ; 72. Avocat ou expert en droit,
pour l'introduction de la demande : 250 deniers ; 73. Pour
un procès : 1 000 deniers ; 74. Maître
architecte, par enfant et par mois : 100 deniers ; 75. Porteur
d'habits dans les thermes, à chaque bain : 2 deniers ; 76. Maître
nageur privé, pour chaque bain : 2 deniers... |
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