LOI
MAMILIA RELATIVE À LA CONJURATION DE JUGURTHA ( 111-109 av. J.-C. ) |
Sallustius, Iug., 40 ( Richard, Paris, 1933 ). |
Cependant,
à Rome, le tribun de la plèbe G. Mamilius Limetanus
développe devant le peuple une proposition tendant à ouvrir
une enquête contre ceux qui, sur les suggestions de Jugurtha,
avaient violé les décisions sénatoriales ;
qui, dans leurs ambassades et leurs commandements, s'étaient
fait donner de l'argent ; qui avaient revendu les éléphants
et les déserteurs ; et encore contre ceux qui avaient traité
avec l'ennemi de la paix et de la guerre. A cette proposition ni les
complices de ces crimes, ni ceux que faisait trembler la violente irritation
des partis, ne pouvaient s'opposer ouvertement : c'eût été
avouer que ces procédés et d'autres semblables leur semblaient
naturels ; mais en secret, par leurs amis et surtout par les Latins
et les alliés italiens, ils machinaient mille difficultés.
Malgré tout, la plèbe, avec une opiniâtreté
et une vigueur inimaginables, fit voter la proposition, plus par haine
de la noblesse, à laquelle elle préparait ainsi des déboires,
que par souci du bien public : tant les partis étaient passionnés !
Aussi, alors que la terreur était générale, M. Scaurus,
lieutenant, comme je l'ai dit, de Bestia, réussit au milieu de
l'allégresse populaire, de la débâcle des siens,
de l'agitation de toute la ville, à se faire choisir comme un
des trois enquêteurs prévus par la loi Mamilia. L'enquête
se fit dans l'âpreté et la violence, et ne tint compte
que des bruits publics et des passions de la plèbe. Comme jadis
la noblesse, la plèbe aujourd'hui prenait dans le succès
le goût de la démesure. |
Cicero, Brut. ( Richard, Paris, 1934 ). |
33. (127) Dans
l'âge suivant, citons Caius Galba, fils du très éloquent
Servius, gendre de l'orateur et jurisconsulte Publius Crassus. Nos pères
faisaient son éloge et lui montraient de l'intérêt
en souvenir de son père ; mais il tomba à moitié
chemin. Accusé aux termes de la loi Mamilia, dans le scandale
causé par l'entente des nobles vendus à Jugurtha, il présenta
lui-même sa défense, mais fut condamné. Nous avons
sa péroraison, qu'on appelle épilogue ; elle jouissait
dans notre enfance d'une telle réputation, que nous l'apprenions
par coeur. Ce fut le premier membre d'un collège de prêtres,
condamné, depuis la fondation de Rome, dans une affaire criminelle. |
34. (128) Publius
Scipion, décédé pendant son consulat, ne parlait
ni beaucoup, ni souvent, mais il n'était inférieur à
personne pour la correction du langage et surpassait tout le monde en
esprit et en bons mots. Son collègue Lucius Bestia avait bien
commencé dans son tribunat — en effet Publius Popilius,
chassé par les violences de Gains Gracchus, fut, sur sa proposition,
réintégré dans ses droits — ; il
avait de l'ardeur, une certaine facilité, mais son consulat eut
une triste fin. En vertu de l'odieuse loi Mamilia, outre Caius Galba
le prêtre, quatre consulaires, Lucius Bestia, Caius Caton, Spurius
Albinus et le grand citoyen Lucius Opimius, meurtrier de Caius Gracchus,
absous par le peuple, qu'il avait cependant combattu, furent frappés
par ceux à qui Gracchus avait donné le pouvoir judiciaire. |
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