TRADUCTION FRANÇAISE |
DES INSTITUTES DE L'EMPEREUR JUSTINIEN |
~ Préambule ~ |
( J.-L.-E. Ortolan, Explication historique des Instituts..., II, 6e éd., Paris, 1857 ). |
( AU NOM DE NOTRE SEIGNEUR J.-C. ) |
L'EMPEREUR CÉSAR FLAVIEN JUSTINIEN, ALÉMANNIQUE, GOTHIQUE, |
FRANCIQUE, GERMANIQUE, ANTIQUE, ALANIQUE, VANDALIQUE, AFRICAIN, PIEUX, |
HEUREUX, GLORIEUX, VAINQUEUR ET TRIOMPHATEUR, TOUJOURS AUGUSTE, |
À LA JEUNESSE DÉSIREUSE D'ÉTUDIER LES LOIS. |
La
majesté impériale doit s'appuyer sur les armes et sur
les lois, pour que l'État soit également bien gouverné
pendant la guerre et pendant la paix ; pour que le prince, repoussant
dans les combats les agressions des ennemis, devant la justice les attaques
des hommes iniques, puisse se montrer aussi religieux dans l'observation
du droit que grand dans les triomphes. |
1. Cette
double tâche, par les plus grands travaux et les plus grands soins,
à l'aide de Dieu, nous l'avons remplie. Nos exploits guerriers
sont connus des Barbares que nous avons placés sous notre joug ;
ils sont attestés et par l'Afrique et par tant d'autres provinces
que nos victoires, dues à la protection céleste, ont,
après un si long intervalle, rendues à la domination romaine
et rattachées à notre empire. Des lois promulguées
ou rassemblées par nous régissent tous les peuples. 2. Après
avoir amené à une harmonie parfaite les constitutions
impériales si confuses jusque-là, nous avons porté
nos soins sur les volumes immenses de l'ancienne jurisprudence, et,
marchant comme plongés dans un abîme de difficultés,
cet ouvrage désespéré, déjà, par
une faveur du ciel, nous l'avons terminé. 3. Ceci
fait, grâces à Dieu, nous avons convoqué l'illustre
Tribonien, maître et ex-questeur de notre palais, Théophile
et Dorothée, hommes illustres et antécesseurs, qui tous
les trois nous ont déjà donné plus d'une preuve
de leur capacité, de leur savoir dans le droit, de leur fidélité
à nos ordres, et nous les avons chargés spécialement
de composer, avec notre autorisation et nos conseils, des Instituts,
afin qu'au lieu de chercher les premiers éléments du droit
dans des ouvrages vieillis et reculés, vous puissiez les recevoir
émanés de la splendeur impériale ; que rien
d'inutile, rien de déplacé ne frappe vos oreilles et votre
esprit ; que vous n'appreniez rien enfin qui ne tienne aux affaires
mêmes. Ainsi, lorsque jusqu'à ce jour la lecture des constitutions
impériales était possible à peine aux premiers
d'entre vous après quatre ans d'étude, c'est par elle
que vous commencerez, dignes d'assez d'honneur et doués d'assez
de bonheur pour que les premières et les dernières leçons
de la science des lois soient parties pour vous de la bouche du prince.
4. Nous avons donc, après les
cinquante livres du Digeste ou Pandectes, dans lesquels tout le droit
ancien a été recueilli par le même illustre personnage,
Tribonien, aidé de plusieurs hommes célèbres et
éloquents, nous avons ordonné qu'on divisât les
Instituts en quatre livres, renfermant les premiers éléments
de toute la science. 5. On y a brièvement
exposé ce qui existait autrefois, et ce qui, obscurci par le
non-usage, a été, par la sollicitude impériale,
éclairé d'un nouveau jour. 6. Ces
Instituts, tirés de tous ceux des anciens, de plusieurs commentaires,
mais surtout de ceux qu'a faits notre Gaius tant sur les Instituts que
sur les causes de chaque jour, nous ont été présentés
par les trois jurisconsultes nommés plus haut ; nous les
avons lus et revus, et nous leur donnons toute la force de nos constitutions. |
7. Travaillez
donc avec une joyeuse ardeur à apprendre ces lois ; et montrez-vous
tellement instruits que vous puissiez être animés de l'espérance
si belle d'être capables, à la fin de vos travaux, de gouverner
notre empire dans les parties qui vous seront confiées. |
Donné
à Constantinople, le 11 des calendes de décembre, sous
le troisième consulat de l'empereur JUSTINIEN, toujours Auguste. |
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