LOI JULIA SUR LE DROIT DE CITÉ
  
( 90 av. J.-C. )
 

     
Appianus, Bell. Civ., I, 49 ( Combes-Dounous, Paris, 1808 ).
  

 
... Le sénat commença de craindre que, cerné d'ennemis sur tous les points, il ne demeurât sans défense. Il garnit les rivages de la mer, depuis Cumes jusqu'à Rome, de troupes dans lesquelles on fit entrer pour la première fois des affranchis, à cause de la pénurie des citoyens. Il accorda les droits de cité à ceux des alliés qui lui étaient jusqu'alors restés fidèles ; prérogative unique qui faisait l'objet de l'ambition de tous. Il se hâta d'en faire donner la nouvelle aux Étrusques, qui la reçurent avec beaucoup de satisfaction. Par cette faveur, le sénat resserra les liens de ceux qui lui étaient affectionnés, se rattacha ceux qui se préparaient à les rompre, et diminua, par l'espérance d'une semblable admission, l'exaspération de ceux qui avaient pris les armes. Mais les Romains ne distribuèrent point ces nouveaux citoyens dans les trente-cinq tribus qui existaient déjà, de peur que, par la supériorité du nombre, ils ne se rendissent les maîtres des élections. Mais, en choisissant une tribu sur dix, ils les déclarèrent spécifiques, et c'est là que votèrent les derniers inscrits, de sorte que, la plupart du temps, leur suffrage était nul, parce que les trente-cinq anciennes tribus devant voter avant les autres formaient, à elles seules, plus que la majorité : artifice qui ne fut pas d'abord aperçu, ou que les alliés, satisfaits d'ailleurs pour le moment, dissimulèrent, mais qui, dévoilé par la suite, devint la cause de nouvelles séditions.
 

     
Cicero, Balb., 8, 21 ( Cabaret-Dupaty, Paris, 1919 ).
  

 
... D'après la loi Julia même, laquelle accorde aux alliés et aux Latins le droit de cité romaine, les peuples qui n'y auront pas donné leur consentement ne jouiront pas de ce droit. Et c'est ce qui occasionna de vives contestations dans Naples et dans Héraclée, une grande partie des habitants de ces villes préférant au titre de citoyens romains l'avantage de se gouverner par leurs lois, qu'ils tenaient d'un traité.
 

     
Velleius Paterculus, II, 16 ( Hainsselin & Watelet, Paris, 1932 ).
  

 
4. Pendant la guerre d'Italie, la fortune se montra si changeante et si cruelle qu'en deux années consécutives l'ennemi tua deux consuls romains, Rutilius, puis Cato Porcius et dispersa en bien des endroits les armées romaines, qu'on endossa le sagum et qu'on dut le garder pendant longtemps. Comme capitale de leur empire, les Italiens avaient choisi Corfinium qu'ils décidèrent d'appeler Italica. Puis Rome admit peu à peu dans la cité ceux qui n'avaient pas pris les armes ou ceux qui les avaient déposées le plus vite. Elle répara ainsi ses forces ...
 

     
Velleius Paterculus, II, 20 ( Hainsselin & Watelet, Paris, 1932 ).
  

 
2. Cinna ne fut pas plus modéré que Marius et Sulpicius. Quand le droit de cité avait été donné à l'Italie, on avait groupé les nouveaux citoyens dans huit tribus : ainsi la force qu'ils tenaient du nombre ne pouvait nuire à la dignité des anciens citoyens et on ne voyait pas ceux qui avaient reçu le bienfait plus puissants que ceux qui l'avaient accordé. Mais Cinna promit aux nouveaux citoyens de les répartir entre toutes les tribus.