LOI GABINIA
  
SOUMETTANT L'ÉLECTION DES MAGISTRATS AU SCRUTIN SECRET
  
( 139 av. J.-C. )


     
Cicero, de leg., III, 16 ( Appuhn, Paris, 1954 ).
  

 
35. Il y a en effet quatre lois sur le scrutin secret ; la première sur l'élection des magistrats : elle fut soutenue par Gabinius, un homme inconnu et méprisable.
 

     
Cicero, leg. Agr., II, 2 ( Nisard, Paris, 1840 ).
  

 
4. C'est donc pour moi, je le répète, une gloire insigne d'être, après tant d'années, le premier homme nouveau que vous ayez nommé consul, et cela sur ma première demande et des mon temps légal ; mais ce qui est encore pour moi plus honorable, ce qui me distingue le plus, c'est que, dans les comices où je fus élu, vous déclarâtes votre choix non par la voie du scrutin, dépositaire muet de la liberté des suffrages, mais par vos acclamations ; témoignage vivant de votre affectueuse bienveillance envers moi. Ainsi encore, ce ne sont pas les votes des dernières centuries, mais le concours des premières ; ce n'est pas la voix des hérauts, mais la voix unanime du peuple romain qui m'a proclamé consul.
 

     
Plinius, Ep., III, 20 ( Sicard, Paris, 1954 ).
  

 
     Vous avez lu souvent (vous en souvenez-vous) quelles luttes provoqua la loi sur le vote secret et combien d'honneur et de blâme, elle apporta à son auteur. Eh bien, le sénat vient, sans aucun débat, d'adopter cette même mesure comme la meilleure. Tous, le jour des comices, ont réclamé des tablettes. Il est certain que par les derniers votes exprimés publiquement et à haute voix nous avions dépassé les abus des assemblées du peuple. On ne savait ni parler à son tour, ni garder un silence réservé, ni enfin se tenir avec dignité à sa place. C'était partout des clameurs discordantes ; chacun s'élançait vers son candidat préféré ; des cortèges, des rassemblements sans nombre s'agitaient dans l'espace vide avec la plus indécente confusion ; tant nous nous étions écartés des habitudes de nos pères, chez qui l'ordre, la réserve, le calme repondaient à la majesté du lieu et au respect qu'il exige.
     Quelques vieillards, encore vivants, m'ont souvent décrit l'ordre des comices, le voici : proclamation du nom du candidat suivie d'un profond silence ; ensuite le candidat se présentait lui-même ; il racontait sa vie, citait, pour obtenir leurs témoignages ou leurs éloges, soit le chef sous qui il avait servi comme légat, soit celui dont il avait été questeur, soit les deux, s'il le pouvait, et il y ajoutait quelques-uns de ses protecteurs ; ceux-là disaient quelques mots graves et brefs, qui produisaient plus d'effet que des prières. Quelquefois le candidat attaquait la naissance, l'âge ou même la moralité de son concurrent, le sénat l'écoutait avec la gravité austère des censeurs ; et le mérite l'emportait ainsi plus souvent que la faveur.
     Ces coutumes aujourd'hui corrompues par l'excès de la brigue ont conduit à chercher un remède dans le vote secret ; ce fut en effet pendant quelque temps un remède efficace, parce qu'il était nouveau et imprévu. Mais je crains qu'avec le temps le remède même ne donne naissance à des maux nouveaux. N'y a-t-il pas danger que dans le secret du scrutin l'impudence ne se glisse ? car combien de personnes gardent-elles le même souci de l'honneur eu secret qu'en public ? Bien des gens ont des égards pour l'opinion, peu pour leur conscience. Mais je m'inquiète trop vite de l'avenir ; en attendant, grâce au scrutin secret nous aurons les magistrats les plus dignes de l'être.
     Car il en a été dans ces comices comme dans les procès jugés par les récupérateurs ; pris pour ainsi dire au dépourvu, nous avons décidé en toute sincérité.