PROPOSITION
DE LOI AGRAIRE DES CONSULS TITUS AEMILIUS ET QUINTUS FABIUS ( 464 av. J.-C. ) |
Livius, III, 1 ( Nisard, Paris, 1864 ). |
1. Après
la prise d'Antium, Titus Aemilius et Quintus Fabius sont faits consuls.
Ce Fabius Quintus était le même qui seul avait survécu
à la destruction de sa famille à Crémère.
2. Déjà, dans un premier
consulat, Aemilius avait proposé de distribuer des terres au
peuple ; aussi, lors de son second consulat, on vit se ranimer
l'espérance des partisans de la loi agraire : les tribuns,
certains de l'emporter, puisque cette fois le consul est pour eux, renouvellent
des tentatives qui si souvent avaient échoué devant l'opposition
des consuls. Aemilius n'avait pas changé de sentiment. 3. Les
possesseurs des terres et la majorité des patriciens se plaignirent
qu'un chef de l'État s'associât aux poursuites tribunitiennes,
et achetât la popularité par des largesses prodiguées
aux dépens d'autrui ; ils détournèrent sur
le consul tout l'odieux que ces menées avaient excité
contre les tribuns. 4. Un conflit terrible
allait éclater, si Fabius, par un expédient qui ne blessait
aucun des deux partis, n'eût terminé la querelle. L'année
précédente, sous la conduite et les auspices de Titus
Quinctius, on avait enlevé aux Volsques une portion de leur territoire :
5. Antium, ville voisine, favorablement
située sur le bord de la mer, pouvait recevoir une colonie :
il était donc facile de donner des terres au peuple, sans exciter
les cris des propriétaires, sans troubler la paix de Rome. 6. L'avis
de Fabius est adopté. Il crée triumvirs Titus Quinctius,
Aulus Verginius et Publius Furius chargés de faire le partage.
On invite ceux qui veulent des terres à donner leurs noms. 7. Mais,
dès lors, comme toujours il arrive, l'abondance fit naître
le dégoût, et si peu se firent inscrire qu'on fut obligé
de leur adjoindre des Volsques pour compléter la colonie. Les
autres, en grand nombre, aimèrent mieux solliciter des terres
à Rome que d'en obtenir ailleurs. |
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