TITE-LIVE : ÉLABORATION
DE LA LOI DES XII TABLES ( Vers 451-449 av. J.-C. ) |
( J. Gaudemet, Droit privé romain, 2e éd., Paris, 2000, pp. 309-310, n. 10 ). |
... Les
tribuns firent aux patriciens une proposition plus modérée :
« Que l'on mette fin aux conflits. Si des lois plébéiennes
leur déplaisaient, qu'ils acceptent la création d'une
commission de législateurs, choisis dans le patriciat et la plèbe,
qui prendraient les mesures utiles aux uns et aux autres et propres
à garantir une égale liberté. » Cela
ne déplut pas aux patriciens ; mais « seuls des
patriciens pouvaient donner des lois » disaient-ils. Alors
que l'on était d'accord pour faire des lois, et que seule la
détermination de leur auteur restait discutée, on envoya
à Athènes Spurius Postumius Albus, Aulus Manlius, Tullius
Sulpicius Camerinus avec mission de copier des lois illustres de Solon
et d'étudier les institutions, les usages et le droit d'autres
cités grecques... ( 31, 7-8 ). |
Les
envoyés étaient revenus avec les lois attiques. Les tribuns
demandaient d'autant plus instamment que l'on se mette enfin à
la rédaction des lois. On décida de créer un collège
de décemvirs, contre lesquels on ne pourrait faire appel et qui
ne serait, dans cette année, accompagné d'aucune autre
magistrature. On discuta quelque temps de l'admission de plébéiens
dans cette commission ; finalement on l'abandonna aux patriciens...
( 32, 6-7 ) ... « Les décemvirs »
travaillaient activement à l'établissement des lois. Ayant
fait connaître au public les dix Tables tellement attendues, ils
convoquèrent le peuple à une réunion, l'invitant
« pour le bien, le bonheur et la félicité de
la cité, d'eux-mêmes et de leurs enfants à venir
lire ces lois. Pour eux, autant que le pouvait la prévoyance
de dix esprits humains, ils avaient établi l'égalité
du droit pour tous, du plus grand au plus petit. Mais la réflexion
et les conseils d'un grand nombre sont plus efficaces. Que chacun réfléchisse
sur toutes les dispositions, puis qu'on en parle entre soi et qu'on
examine en commun ce qu'il fallait ajouter ou retrancher à chaque
article. Le peuple romain aurait des lois moins imposées que
proposées par un consentement unanime ». Lorsque,
sur chaque chapitre de la loi soumis à l'opinion publique, des
modifications suffisantes eurent été apportées,
les lois des XII Tables furent adoptées par les comices centuriates ;
ces lois qui, encore actuellement, dans cet amas immense de textes entassés
les uns sur les autres, restent la source de tout le droit public et
privé. Puis le bruit se répandit qu'il manquait deux Tables,
dont l'adjonction était nécessaire pour achever ce qui
serait comme le corps du droit romain... ( 34, 1-7 ). |
...
Deux Tables de lois avaient été ajoutées aux dix
Tables de l'année précédente ; il ne subsistait
aucun motif, une fois ces lois votées elles aussi par les comices
centuriates, pour maintenir cette magistrature dans la cité ( 37,
4 ). |
► Source : Tite-Live, Histoire romaine, III, 31-37. |