TITE-LIVE : SUPPRESSION
DE LA ROYAUTÉ ( 510 av. J.-C. ) |
( J. Imbert in Histoire des Institutions.., Paris, 1957, pp. 133-134, n. 72 ). |
[LIX] ... Là,
( Brutus ) fit un discours qui n'avait plus rien des sentiments
et des idées qu'il feignait d'avoir jusqu'alors. Il peignit la
passion brutale de Sextus Tarquin, le viol horrible de Lucrèce,
son suicide émouvant, la solitude de Tricipitinus, qui s'indignait
et s'affligeait moins de la mort de sa fille que de la cause de cette
mort ; de là il passa à la tyrannie du roi lui-même,
aux misères et aux fatigues de la plèbe plongée
dans des fossés et des égouts à curer. |
LX. – Le
roi, recevant au camp la nouvelle de ces événements et
effrayé de cette révolution, partit pour Rome pour réprimer
le soulèvement. Brutus, instruit de son approche, fit un détour
pour l'éviter. Presque à la même heure et par des
chemins différents, ils arrivèrent, Brutus à Ardée,
Tarquin à Rome. Tarquin trouva les portes closes et on lui signifia
son exil. Au contraire, le libérateur de Rome fut reçu
avec joie dans le camp ; on en chassa les fils du roi. Deux suivirent
leur père en exil à Cères en Etrurie. Sextus Tarquin
se retira à Gabies, qui était comme son domaine, et là
il fut victime d'anciennes haines qu'il avait lui-même provoquées
par ses meurtres et ses rapines et fut assassiné. |
Lucius
Tarquin le Superbe régna vingt-cinq ans. Le régime monarchique
à Rome, depuis la fondation de la ville jusqu'à son affranchissement
dura deux cent quarante-quatre ans. On nomma alors deux consuls dans
les comices par centuries convoqués par le préfet de la
ville d'après le manuel politique de Servius Tullius : ce
furent Lucius Junius Brutus et Lucius Tarquin Collatin. |
► Source : Tite-Live, Histoire romaine, I, 59-60. |