SÉNATUS-CONSULTE
DE TIBURTIBUS Réponse du Sénat aux députés de Tibur ( 159 av. J.-C. ) |
( E.-Q. Visconti, Iconographie Romaine, I, Paris, 1817, part. 1, pp. 88-92 ). Présentation du texte |
Dans
l'enceinte de cette ville [Tivoli, l'ancienne Tibur], et précisément
à l'endroit où l'on croit qu'était situé
le palais public du municipe, une fouille [au XVIe s.] rendit au jour
ce buste que nous avons sous les yeux. Un anneau, ou plutôt une
beliere de bronze était insérée dans le derriere
du cou, et avait servi à sceller dans le mur d'une ancienne salle
cet ouvrage de sculpture, tout près duquel on trouva une tablette
de bronze qui, suivant toute apparence, faisait partie du même
monument. |
L'inscription
qui est gravée sur cette tablette, et dont je donne la copie
et la traduction dans la note au bas de la page, présentait la
réponse que le sénat, consulté par le préteur
Lucius Cornelius, fils de Cnéus, avait faite aux députés
de Tibur, envoyés à Rome pour justifier leurs concitoyens
d'une imputation grave qu'on avait répandue à leur désavantage,
et qui était parvenue à la connaissance du gouvernement.
Cette réponse, faite pour calmer les Tiburtins, dont le sénat
reconnait l'innocence, avait été gravée sur le
bronze, et placée dans l'une des salles de la Curia,
ou du palais public de leur ville, où l'on avait aussi consacré
un buste, vraisemblablement celui du préteur Cornelius, qui avait
consulté le sénat sur leur demande, et leur en avait transmis
le décret favorable. |
Cet
acte ne semble point, par le style, être antérieur au VIIe
siècle de Rome ; et les considérations que j'ajoute
dans les notes me font regarder comme extrêmement probable qu'il
a été fait dans le temps de la Guerre Sociale. |
Les
Tiburtins, habitants du Latium, et confinant aux Marses révoltés
contre Rome dont ils demandaient, les armes à la main, à
être reçus citoyens, ont pu être accusés de
favoriser ces rebelles. Le prêteur Cornelius, dans l'absence des
consuls qui étaient à la tête des armées,
avait sans doute réuni le sénat pour entendre les députés
des Tiburtins, et examiner leur justification. |
A
quelle branche de la famille Cornélienne appartenait ce préteur,
qui n'est désigné dans l'inscription par aucun surnom,
et à qui la ville de Tibur avait cru devoir donner des marques
durables de sa reconnaissance ? Il est maintenant impossible de
le découvrir, à moins que quelque nouveau monument ne
vienne nous éclairer sur ce point d'histoire. |
Traduction française |
« Lucius
Cornelius, fils de Cnéus, préteur, a consulté,
le 5 mai, le sénat, ( qui étoit assemblé )
près le temple de Castor. |
Aulus
Manlius, fils d'Aulus ; Sextus Julius ; Lucius Postumius,
fils de Spurius, ont été présents lorsqu'on a mis
par écrit ( le décret qui suit ) : |
Le
Sénat, citoyens de Tibur, a, comme il étoit juste, pris
en considération ce que vous lui avez exposé, ainsi que
vos justifications. |
Nous
aussi nous avions reçu sur ce fait des rapports conformes à
ce qu'on vous avoit annoncé, comme vous le dites. Nous ne pouvions
pas nous persuader que la chose fût ainsi, parceque nous savions
n'avoir point mérité de vous une telle conduite, et qu'il
n'étoit ni de votre dignité, ni de l'utilité de
votre commune, de vous comporter de la sorte. Depuis que le Sénat
a entendu ce que vous venez de lui dire, nous nous confirmons de plus
en plus dans notre première opinion, qu'il n'y a eu dans cette
affaire aucune faute de votre part. Et, puisque vous êtes justifiés
a cet égard auprès du sénat, nous pensons ce que
vous devez penser aussi, que vous le serez également auprès
du peuple romain. » |
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