UN PROCÈS DEVANT CARACALLA
  
( 216 apr. J.-C. )
 

 
Roussel & De Visscher, Syria : Revue d'art oriental et d'archéologie, XXIII, 1943, pp. 178-179 ).
 

 
     Sous le consulat de Sabinus et d'Anulinus, le 6e jour avant les calendes de juin, à Antioche, l'empereur Caesar M. Aurelius Antoninus Pius Felix Augustus, Parthicus Maximus, Britannicus Maximus, Germanicus Maximus, salué par les préfets du prétoire, hommes éminentissimes, par ses amis et par les secrétaires d'État, ayant pris séance dans son tribunal, fit comparaître Aurelius Carzaeus, fils de Sergius, défenseur des gens de Goharia, agissant contre Avidius Hadrianus, publicain — cause que l'empereur avait bien voulu recevoir devant lui — Aur. Carzaeus avec son avocat Egnatius Lollianus, Avidius Hadrianus, publicain, avec son avocat Julianus Aristaenetus.
     
Parmi eux, Aristaenetus dit : « Je fais opposition ». — Lollianus ( s'adressant à l'empereur ) : « Tu as ordonné que l'affaire soit retenue. » — Aristaenetus « Les appels se font suivant la voie légale : ou le gouverneur accepte l'appel et l'introduit devant ton tribunal ; ou bien, si le gouverneur ne l'admet pas, comment la cause serait-elle recevable ? Après de multiples jugements et décisions, tu as été saisi d'une supplique parmi les requêtes des gens de Goharia. Bien qu'il ne fût ni leur représentant attitré ni leur député, mais simple partie dans un procès, à titre personnel, il a présenté une pétition afin de t'avoir pour juge au lieu du gouverneur. [Toi, tu lui as déclaré :] Si vous voulez que je vous entende, je vous entendrai. [Précédemment ces gens] n'élevaient pas même une contradiction ; maintenant, alors que nous procédions par la voie régulière du tribunal, [ils ont fait une requête auprès de toi ; mais il faut dire] qu'ils ne sont pas en appel et ne peuvent l'être devant [ton tribunal]. »
     Lollianus : « Des paysans qui [t'ont touché] avec d'autres requêtes, t'ont présenté aussi cette supplique. Cassius n'a pas admis l'opposition [établie sur le fait que précédemment] ils ne se portèrent pas plaignants. Il a introduit devant ton divin tribunal [l'affaire avec] les autres demandes en sorte que [tu t'es trouvé être] juge... ayant ordonné qu'il fût donné lecture de ceci ... ( lacune correspondant à trois lignes du texte ; peut-être le gouverneur prenait-il la parole ? )
     [Antonin] Auguste : « Tu déclares donc qu'il n'a pas fait appel ? » — Aristaenetus : « [Ils ne sont pas] en appel parce qu'ils n'en avaient pas le droit.
     Antonin Auguste : « Voyons donc, que moi, je dise un peu mon sentiment aussi dans cette affaire : il n'a pas fait appel, il n'a pas poursuivi ( devant un tribunal ? ) ; l'affaire n'a pas été traitée auprès du gouverneur. C'est devant l'empereur que je te poursuis, dit-il. Ne veux-tu pas que j'entende l'affaire ? »
     Aristaenetus : « Je consens. » Antonin Auguste : « Moi, si j'avais hâte de me lever d'ici, je dirais : l'opposition est fondée. En quoi donc suis-je à blâmer (?) ? Lollianus : « Je parlerai moins d'une demi-heure » — et il ajouta : « Le procès porte sur une question de piété ; pour les paysans comme pour toi, il n'y a rien de plus vénérable que la piété. C'est donc pourquoi ils ont confiance en la circonstance présente, puisqu'ils plaident devant l'empereur et le juge le plus pieux. Il y a chez eux un sanctuaire de Zeus qui est fameux. A coup sûr, il est visité par tous les gens d'alentour. Ils y vont et y envoient des processions. Voici le premier délit de notre adversaire ... il jouit de l'immunité des charges et, portant une couronne d'or, il jouit de ... et il a pris en main un sceptre et s'est proclamé prêtre de Zeus. Comment a-t-il été jugé digne de ce privilège ? Qu'il le montre. Car moi en sa présence (?), je vais lire ( une pièce montrant ) que pas même son père [...
 


 
►  Sources : Inscriptions du temple de Dmeir ( Syrie ).