PLINE L'ANCIEN : L'OR
 
 
( Ier s. apr. J.-C. )
 

 
J. Imbert in Histoire des Institutions.., Paris, 1957, pp. 145-146, n. 81 ).
 

 
Longtemps Rome ne posséda que très peu d'or. Lorsque les Gaulois, maîtres de cette ville, lui vendirent la paix, on n'en put trouver que mille livres pesant. Je sais que Crassus et Pompée, dans leur consulat, en trouvèrent deux mille dans le trône de Jupiter Capitolin. C'était Camille qui l'y avait consacré ; et généralement on a conclu qu'on avait ramassé, pour le rachat des Romains, deux mille livres d'or. Le fait est que le surplus des mille livres venait du butin des Gaulois et des temples dépouillés par eux dans la partie de Rome dont ils étaient maîtres. D'ailleurs les Gaulois marchaient souvent au combat parés d'or, témoin Torquatus. Ainsi l'or gaulois et l'or des temples complétèrent probablement la somme trouvée ; c'est du moins ce que l'on dut présumer, lors de cette découverte, double de ce qu'on attendait. Ajoutons en passant, puisque nous en sommes sur les anneaux, que le gardien préposé à la statue capitoline, ayant brisé dans sa bouche la pierre de sa bague, mourut aussitôt, et fit ainsi disparaître le seul témoin qui pût dire la vérité sur ce fait. Ainsi Rome ne possédait au plus que deux mille livres d'or l'an 364 de sa fondation, et à une époque où sa population libre était de cent cinquante-deux mille cinq cent soixante-treize âmes. Cette même Rome, trois cent sept ans après, lors de l'incendie du Capitole et des autres temples, fournit au jeune Marius treize mille livres pesant qu'il emporta à Préneste, et que Sylla fit rentrer dans Rome lors de son triomphe, avec six mille livres d'argent. Il avait, la veille, porté de même en triomphe quinze mille livres d'or et cent quinze mille livres d'argent, fruit de toutes ses autres victoires.
 


 
►  Source : Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XXXIII, 5.