PLINE
L'ANCIEN : LA MONNAIE ( Ier s. apr. J.-C. ) |
( J. Imbert in Histoire des Institutions.., Paris, 1957, pp. 144-145, n. 80 ). |
Le
second coupable de crime est celui qui frappa le premier un denier d'or.
On ignore aussi son nom. Le peuple romain ne fit point marquer de monnaie
avant la défaite de Pyrrhus. L'as pesait véritablement
une livre ; d'où les noms encore subsistants de libella
et de dupondius. De là les anciennes amendes à
tant de cuivre de poids ; de là aussi, dans les comptes,
les mots expensa, impendia, dependere :
dans les camps s'emploient de même ceux de stipendia
( solde ) pour stipis pondera, dispensatores,
libripendes ; enfin, c'est par suite du même usage
que, dans les contrats de ventes des choses de mancipium on
se sert encore de la balance. Servius, le premier, fit mettre une marque
au cuivre ; auparavant, selon Timée, Rome ne se servait
que du métal sans empreinte. La marque de Servius était
une brebis ( pecus ), d'où le nom de pecunia
pour toute somme d'argent. Le cens le plus élevé sous
ce prince n'allait qu'à 110.000 as ; ceux qui possédaient
cette somme composaient la première classe du peuple. C'est en
485 de Rome, sous le consulat de Q. Ogulnius et de C. Fabius,
cinq ans avant la première guerre punique, que l'on commença
à frapper la monnaie d'argent. On représenta par le denier,
dix livres de cuivre ; par le quinarius, cinq livres ;
par le sesterce, deux livres et demie. Le poids réel de la livre
fut réduit dans la première guerre punique, vu que la
république ne pouvait suffire à ses dépenses, et
l'on décréta qu'on frapperait des as de deux onces. L'état
gagna ainsi cinq sixièmes, et paya ses dettes. La marque du nouvel
as était d'un côté un Janus à deux faces,
et de l'autre un éperon de navire. Le triens et le quadrans
portaient des vaisseaux. Anciennement le quadrans était
appelé teruncius, parce qu'il valait trois onces. Lorsqu'Annibal
pressait vivement M. Minucius, sous la dictature de Q. Fabius
Maximus, on frappa des as d'une once, et, de plus, on décréta
que le denier représenterait 16 as, le quinarius
8, le sesterce 4 ; nouveau gain de moitié pour la république.
Cependant on continua, dans la paie militaire, à donner le denier
pour dix as. L'argent avait pour empreintes des biges et des quadriges,
d'où les noms de biga et de quadriga. Plus
tard la loi Papiria réduisit l'as à une demi-once. Livius
Drusus, tribun du peuple, fit une loi qui donnait à l'argent
un huitième d'alliage en cuivre. Les victoriats ont été
frappés en vertu de la loi Clodia. Cette monnaie, venue d'abord
d'Illyrie, n'était reçue que comme article de commerce ;
l'empreinte de la pièce était une Victoire, d'où
lui vint son nom. On ne frappa de monnaie d'or que soixante-deux ans
après les monnaies d'argent ; vingt sesterces étaient
censés valoir un scrupule de ce métal : ainsi la
livre d'or valait neuf cents des sesterces contemporains. Plus tard,
il fut réglé que l'on frapperait quarante deniers d'or
à la livre. Peu à peu les empereurs ont fait faiblir le
poids ; et sous Néron on est venu à en frapper quarante-cinq
à la livre. |
► Source : Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XXXIII, 13. |