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ÉLOGE
FUNÈBRE DIT DE TURIA ( 8-2 av. J.-C. ) |
( J. Gaudemet, Droit privé romain, 2e éd., Paris, 2000, pp. 334-335, n. 42 ). |
...
Tu es devenue brusquement orpheline avant le jour de notre mariage,
ton père et ta mère ayant été assassinés
ensemble dans la solitude de la campagne. C'est surtout grâce
à toi, alors que moi j'étais parti pour la Macédoine
et le mari de ta sœur, Caius Cluvius pour l'Afrique, que la mort
de tes parents ne resta pas sans vengeance... (3-6). |
Rares
sont des mariages aussi longs qui finissent par la mort, sans être
interrompus par un divorce. Car il nous fut donné de conduire
le nôtre pendant quarante et un ans sans heurt (27-28)... |
Nous
avons conservé avec une égale diligence le patrimoine
venu de tes parents. Tu ne te préoccupais pas d'acquérir,
tu m'avais tout remis. Nous nous sommes répartis les rôles :
j'ai exercé une tutelle sur ta fortune, et toi tu as gardé
la mienne (37-39). |
Vous
avez préparé des dots pour qu'elles puissent tenir un
rang digne de votre famille. Ces dots, que vous aviez constituées
d'un commun accord, c'est moi et Caius Cluvius qui les avons versées ;
approuvant votre générosité, mais pour ne pas frapper
vos biens d'une pénalité, nous y avons substitué
notre fortune personnelle et avons donné en dot nos biens fonciers
(46-49). |
Doutant
de ta fécondité et déplorant que je sois sans enfants,
pour que je ne perde pas l'espoir d'en avoir en te gardant pour épouse
et que, pour cela, je ne sois pas malheureux, tu as parlé de
divorce et tu as songé à abandonner la maison vide à
la fécondité d'une autre épouse. Tu n'avais pas
d'autre intention, notre entente étant bien connue, que celle
de chercher un parti pour moi et de préparer ce mariage. Tu affirmais
que tu tiendrais les enfants à naître comme communs et
comme les tiens. Quant au patrimoine, qui jusque-là nous avait
été commun, il ne serait pas partagé, mais resterait
à ma disposition et, si je le voulais, il serait administré
par tes soins. Tu ne considérais rien comme disjoint, ni séparé
et tu étais prête à me manifester à l'avenir
les soins et l'affection d'une sœur ou d'une belle-mère...
(31-39). |
► Source : CIL VI, n. 1527. |