DROIT NATUREL, DROIT DES GENS, DROIT CIVIL
  
( 21 nov. 533 apr. J.-C. )
 

 
J. Gaudemet, Les institutions de l'Antiquité, 7e éd., Paris, 2002, pp. 355-356 ).
 

 
      Le droit naturel est celui que la nature enseigne à tous les êtres vivants, car ce droit n'est pas le propre du genre humain, mais de tous les êtres animés qui vivent dans les airs, sur la terre, dans les mers ; de-là descend l'union de l'homme et de la femme que nous appelons mariage, la procréation des enfants et leur éducation ; nous voyons en effet que les autres animaux aussi semblent reconnaître ce droit.
      Voici comment le droit civil se distingue du droit des gens : tous les peuples qui sont régis par les lois et les coutumes se servent en partie de leur droit propre, en partie de celui qui leur est commun avec tous les hommes ; en effet, parce que chaque peuple s'est constitué un droit, celui-ci est devenu particulier à la cité et est appelé droit civil, comme s'il était devenu le droit propre de la cité même. Ce que la raison naturelle a établi chez tous les hommes, est également observé chez tous les peuples, et on l'appelle droit des gens, comme toutes les nations en font usage ; le peuple romain, par exemple, se sert en partie de son propre droit, en partie du droit commun à tous les hommes...  Le droit civil est appelé du nom de chaque cité, par exemple le droit des Athéniens. En effet, celui qui voudrait appeler les lois de Solon ou de Dracon, le droit civil des Athéniens, ne se tromperait pas : c'est pourquoi nous appelons le droit dont le peuple romain use le droit civil des Romains, droit des Quirites, parce que les Quirites en font usage. Mais chaque fois que nous n'ajoutons pas de quelle cité il est, nous voulons dire par cela qu'il s'agit de notre droit. Comme lorsque l'on parle du poète sans ajouter de nom, on sous-entend Homère
chez les Grecs, Virgile chez nous. En effet, les exigences de l'usage et les nécessités humaines ont obligé les races humaines à se constituer certaines règles : de là sont nées les guerres et la captivité et l'esclavage qui les suivent, toutes choses contraires au droit naturel ; en effet suivant le droit naturel, à l'origine, tous les hommes naissent libres. C'est à partir de ce droit des gens qu'ont été introduits presque tous les contrats comme la vente, la location, le dépôt, le prêt et d'autres innombrables.
 


 
►  Source : Justinien, Institutes, I, 2, pr. à 2.