GAIUS :
LA FEMME MARIÉE « CUM MANU » ( 160 apr. J.-C. ) |
( J. Reinach, Gaius, Institutes, Paris, 1965, p. 20 ). |
108. Occupons-nous
maintenant des personnes qui sont en notre main ; ce droit est
lui aussi propre aux citoyens romains. 109. Mais,
alors que les personnes des deux sexes peuvent être en puissance,
seules celles du sexe féminin viennent en main. 110. Autrefois,
elles venaient en main de trois façons : par usage, par
le gâteau de farine, par coemption. 111. Entrait
en main par usage celle qui demeurait mariée pendant un an de
suite. En effet, comme si elle avait été usucapée
par une possession annuelle, elle passait dans la famille du mari et
venait occuper le rang de fille. Aussi la loi des douze tables prévit-elle
que celle qui ne voudrait pas entrer en main de son mari de cette façon
s'absenterait chaque année trois nuits et de cette façon
interromprait le domicile chaque année. Mais tout ce droit a
été en partie abrogé par les lois, et en partie
effacé par la désuétude. 112. Les
femmes entrent en main par la farine au moyen d'une certaine espèce
de sacrifice qu'on offre à Jupiter Farreus, où l'on emploie
un pain de farine, d'où la cérémonie tire son nom
de confarréation. L'accomplissement régulier de ce droit
comporte beaucoup de rites qui s'effectuent avec des formules déterminées
et solennelles, en présence de dix témoins. Ce droit est
encore en vigueur de nos jours, car les grands flamines c'est-à-dire
ceux de Jupiter, de Mars et de Quirinus, ainsi que les rois des sacrifices,
ne peuvent être recrutés que parmi ceux qui sont nés
d'un couple ayant pratiqué la confarréation et eux-mêmes
ne peuvent exercer leur ministère que s'ils l'ont effectuée.
113. Les femmes entrent en main par coemption
à la suite d'une mancipation, c'est-à-dire d'une sorte
de vente imaginaire : en effet, en présence d'au moins cinq
témoins citoyens pubères et d'un peseur de même
condition, celui en la main duquel elle vient fait l'achat au moyen
de bronze de la valeur d'une petite pièce de monnaie. |
► Source : Gaius, Institutes, I. |