GAIUS : LA FEMME MARIÉE « CUM MANU  »
 
 
( 160 apr. J.-C. )
 

 
J. Imbert in Histoire des Institutions.., Paris, 1957, pp. 169-170, n. 97 ).
 

108. Maintenant voyons ces personnes qui sont dans notre manus ; c'est aussi un droit particulier aux citoyens romains. 109. Les hommes et les femmes peuvent être également en puissance, tandis que les femmes seules peuvent être in manu. 110. Autrefois elles tombaient in manu de trois manières : par usus ( usage, usucapion ), par confarreatio, par coemptio. 111. Par l'usus une femme passait in manu lorsqu'elle était restée mariée un an de suite ; car elle était usucapée en quelque sorte par une possession d'un an, passait dans la famille de son mari et y prenait le rang de fille. C'est pourquoi la loi des XII Tables a prévu que si une femme ne voulait pas passer de cette manière sous la manus du mari, elle s'absenterait trois nuits chaque année, et par ce moyen interrompait l'usucapion cette année-là. Mais tout ce droit a été en partie abrogé par les lois, en partie aboli par la désuétude. 112. Elles tombent in manus par le farreum ( farine ), au moyen d'une certaine sorte de sacrifice qu'on offre à Jupiter Farreus, où l'on emploie un pain de farine d'épeautre, d'où l'on a tiré le nom de confarreatio pour la cérémonie. Mais l'accomplissement de cet acte juridique exige en outre qu'on procède à plusieurs formalités et rites, accompagnés de paroles déterminées et solennelles, en présence de dix témoins. Et ce droit est encore en usage de nos jours ; car les grands flamines — c'est-à-dire ceux de Jupiter, de Mars et de Quirinus — ainsi que les rois des sacrifices ne peuvent être choisis que parmi ceux qui sont nés d'un couple marié par confarreatio et eux-mêmes ne peuvent obtenir le sacerdoce sans s'être mariés par confarreatio. 113. Les femmes tombent sous la manus par la coemptio au moyen d'une mancipatio, c'est-à-dire d'une vente imaginaire. En présence de cinq témoins au moins, citoyens romains, pubères, ainsi que d'un porte-balance de même condition, celui en la manus duquel la femme tombe l'achète au moyen d'une petite pièce de monnaie en bronze.


 
►  Source : Gaius, Institutes, I.