RENOUVELLEMENT
D'UN TRAITÉ AVEC LES JUIFS ( 143 av. J.-C. ) |
Josephus, Ant. Iud., XIII, 5, 8 ( Trad. Weill in Reinach, Paris, 1900 ). |
Voyant
que, par la providence divine, tout lui réussissait, il envoya
des ambassadeurs aux Romains pour renouveler l'amitié que son
peuple avait faite auparavant avec eux. Il ordonna à ces mêmes
ambassadeurs, en revenant de Rome, de se rendre auprès des Spartiates
et de leur rappeler l'amitié et la parenté qui les liaient
aux Juifs. Les ambassadeurs, arrivés à Rome, se présentèrent
devant le Sénat et déclarèrent qu'ils venaient
de la part du grand-prêtre Jonathas, pour resserrer l'alliance
ancienne ; le Sénat confirma ses décisions précédentes
relatives à l'amitié avec les Juifs, et leur donna des
lettres pour tous les rois d'Asie et d'Europe et pour les magistrats
des villes, qui devaient leur servir de sauf-conduit jusqu'à
leur patrie. Ils repartirent donc et allèrent à Sparte,
où ils remirent la lettre que leur avait donnée Jonathas.
En voici la copie : « Jonathas, grand-prêtre du
peuple des Juifs, l'assemblée des anciens et la communauté
juive, aux éphores, à la gérousie et au peuple
des Lacédémoniens, leurs frères, salut. Si vous
êtes en bonne santé, si vos affaires publiques et privées
vont à votre gré, c'est tout ce que nous souhaitons ;
nous-mêmes nous allons bien. Jadis, quand Démotélès
apporta à notre grand-prêtre Onias de la part de votre
roi Areios une lettre sur la parenté qui nous unit à vous,
– lettre dont la copie se trouve ci-dessous – nous l'avons
reçue avec joie et avons témoigné nos bonnes dispositions
à Démotélès et à Areios ; nous
n'avions cependant pas besoin de cette démonstration, car le
fait nous était appris par nos livres saints. Nous n'avons pas
voulu prendre l'initiative de cette reconnaissance, pour ne pas paraître
courir après la gloire que nous recevrions de vous. Bien des
années se sont écoulées depuis le jour où
fut proclamée à nouveau la parenté qui nous unit
dès l'origine, et toujours, dans nos fêtes sacrées
et nos anniversaires, en offrant à Dieu des sacrifices, nous
le prions pour qu'il vous donne la sécurité et la victoire.
Nous avons eu à soutenir bien des guerres nées de la convoitise
de nos voisins ; mais nous n’avons voulu être un embarras
ni pour vous ni pour aucun de nos parents. Cependant après avoir
battu nos ennemis, comme nous envoyions aux Romains Nouménios,
fils d'Antiochus, et Antipater, fils de Jason, qui sont des hommes honorés
appartenant à notre Sénat, nous leur avons aussi donné
des lettres pour vous, afin de renouveler l'amitié qui nous unit
ensemble. Vous ferez donc bien de nous écrire de votre côté
et de nous mander ce que vous pourriez désirer, assurés
que nous sommes prêts à agir conformément à
vos souhaits. » Les Lacédémoniens firent un
cordial accueil aux envoyés, rendirent un décret d'alliance
et d'amitié, et l'envoyèrent aux Juifs. |