TRAITÉ
D'ALLIANCE ENTRE ROME ET LES JUIFS ( 160 av. J.-C. ) |
Josephus, Ant. Iud., XII, 10, 6 ( Trad. Weill in Reinach, Paris, 1900 ). |
Le
grand-prêtre Alkimos ayant voulu jeter bas le mur du sanctuaire,
qui était vieux et bâti par les anciens prophètes,
Dieu le frappa subitement : il fut terrassé, perdit la parole,
et après plusieurs jours de souffrances ininterrompues, il mourut,
ayant été grand-prêtre quatre ans. Après
sa mort, le peuple donna la grande-prêtrise à Judas. Celui-ci,
ayant appris la puissance des Romains, leurs conquêtes de la Gaule,
de l'Ibérie, de Carthage en Libye, et de plus leurs victoires
sur la Grèce, et sur les rois Persée, Philippe et Antiochus
le Grand, résolut de faire amitié avec eux. Il envoya
donc à Rome ses amis Eupolémos, fils de Jean, et Jason,
fils d'Eléazar, et les chargea de demander aux Romains de s’allier
aux Juifs et d’écrire à Démétrius
de ne pas leur faire la guerre. Les ambassadeurs de Judas, arrivés
à Rome, furent reçus par le Sénat qui, lorsqu'il
connut le but de leur mission, consentit à l'alliance. Il fit
un décret à ce sujet, en envoya une copie en Judée,
et plaça l'original au Capitole, gravé sur des tables
d'airain. Il était conçu en ces termes : « Décret
du Sénat au sujet de l'alliance et de l'amitié avec le
peuple des Juifs. Aucun des sujets de Rome ne fera la guerre au peuple
juif et ne fournira à ses ennemis des vivres, des navires ou
de l'argent. Si quelqu'un attaque les Juifs, les Romains leur porteront
secours dans la mesure de leurs moyens, et, par contre, si quelqu'un
attaque le territoire des Romains, les Juifs combattront avec eux. Si
le peuple juif veut ajouter ou retrancher quelque clause à ce
traité d'alliance, ce ne sera que d'un commun accord avec le
peuple romain, et toute addition nouvelle fera autorité. »
Ce décret fut rédigé par Eupolémos, fils
de Jean, et Jason, fils d'Eléazar, Judas étant grand-prêtre
de la nation, et Simon, son frère, général. Tel
fut le premier traité d'alliance et d'amitié entre les
Romains et les Juifs. |