ULPIEN : PROTECTION À L'ÉGARD DES ESCLAVES
 
 
( IIIe s. apr. J.-C. )
 

 
J. Gaudemet, Les institutions de l'Antiquité, 7e éd., Paris, 2002, p. 334 ).
 

     
Digeste, I, 6, 2 ( livre 8 de « l'office du proconsul » ).
  

     Si un maître a maltraité ses esclaves ou les a forcés à l'impudicité ou à des actions honteuses, on montrera quel est le rôle du gouverneur d'après le rescrit du divin Antonin le Pieux au proconsul de Bétique Aelius Marcianus ; les termes du rescrit sont les suivants : « il faut certes que le pouvoir des maîtres sur leurs esclaves demeure entier, et il ne convient pas de dépouiller quiconque de son droit ; mais il est de l'intérêt des maîtres qu'on ne refuse pas assistance à ceux qui se plaignent à juste titre d'être maltraités, de mourir de faim et d'être l'objet d'intolérables injustices. Ainsi, connais des plaintes de ceux d'entre les esclaves de Julius Sabinus qui se sont réfugiés auprès de la statue, et si tu découvres qu'ils ont été traités plus durement qu'il n'est équitable ou qu'ils ont subi d'infâmes injustices, ordonne qu'ils soient vendus en sorte qu'ils ne retournent plus sous la puissance de leur maître. Or si ce dernier transgresse notre constitution, qu'il sache que je châtierai ce méfait plus sévèrement. » Le divin Hadrien, lui aussi, a condamné à cinq ans de relégation une dame nommée Umbricia parce que, pour des motifs très légers, elle avait traité ses esclaves avec la dernière dureté.

     
Digeste, I, 12, 1. 8 ( livre unique de « l'office du préfet de la Ville » ).
  

     § 1. — Il (le préfet de la Ville) doit recevoir les plaintes portées contre leurs maîtres par les esclaves qui se sont réfugiés auprès des statues ou qui se sont rachetés avec leur argent propre, pour être affranchis.
     § 8. — Lorsqu'on dit que le préfet de la Ville doit recevoir les plaintes des esclaves au sujet de leurs maîtres, ceci doit bien être entendu de la façon suivante : ils ne peuvent pas mettre leurs maîtres en accusation (car ceci n'est en aucune manière permis aux esclaves, sauf pour des causes expresses) ; mais ils peuvent exposer leur cas avec la discrétion qui convient, si leurs maîtres leur ont fait subir des mauvais traitements, des sévices, s'ils les ont laissé mourir de faim, s'ils les ont forcés ou les forcent à des actions obscènes. L'empereur Sévère a aussi chargé le préfet de la Ville de défendre les esclaves contre les maîtres qui voudraient les prostituer.