GAIUS :
CONSTRUCTIONS SUR LE SOL D'AUTRUI ( IIe s. apr. J.-C. ) |
( J. Gaudemet, Droit privé romain, 2e éd., Paris, 2000, p. 361, n. 88 ). |
Si
quelqu'un bâtit sur son terrain avec les matériaux d'autrui,
il est considéré comme propriétaire du bâtiment,
parce que tout ce qui est bâti est l'accessoire du sol. Cependant
celui qui était propriétaire des matériaux ne perd
pas pour cela sa propriété : il est vrai qu'il ne
peut intenter l'action en revendication de ses matériaux ni celle
qui tendrait à se les faire représenter, en raison de
la loi des XII Tables ( VI, 9 a, 9 b ), qui décide
que personne ne peut être forcé de retirer de son édifice
les matériaux appartenant à autrui, mais qu'il doit lui
payer le double de leur valeur. Par le mot tignum on désigne
tous les matériaux qui servent à construire un édifice
( D, 50, 16, 62 ). Il s'ensuit que si l'édifice
est détruit par quelqu'autre raison, le propriétaire de
ces matériaux pourra alors les revendiquer et aura une action
pour se les faire représenter... A l'inverse, si quelqu'un
construit avec ses matériaux sur le sol d'autrui, la construction
devient propriété de celui qui était propriétaire
du sol et si le constructeur savait que le sol appartenait à
autrui, on considère qu'il a volontairement perdu la propriété
de ses matériaux. C'est pourquoi, même après destruction
du bâtiment, il ne pourra pas revendiquer les matériaux.
Cependant si le propriétaire du sol réclame le bâtiment
et refuse de payer le prix des matériaux et le salaire des ouvriers,
il pourra être repoussé par l'exception de dol lorsque
le constructeur ignorait que le terrain appartenait à autrui
et que, de bonne foi, il a cru construire sur son sol. Car s'il connaissait
la situation, on peut lui opposer la faute qu'il a commise en construisant
abusivement sur un sol qu'il savait appartenir à autrui. |
► Source : Gaius, Choses quotidiennes ou Livre d'or, L. 2 = Digeste, XLI, 1, 7, 10. 12. |