ULPIEN : LA FAMILLE AGNATIQUE
 
 
( IIIe s. apr. J.-C. )
 

 
J. Gaudemet, Droit privé romain, 2e éd., Paris, 2000, p. 328, n. 27 ).
 

Voyons quelle est l'acception du terme de « famille ». Il a en effet plusieurs significations, car il est employé pour les choses et pour les personnes. Pour les choses, par exemple dans la loi des XII Tables dans ces mots : « Que l'agnat le plus proche ait la familia » ; au contraire le terme de « famille » concerne les personnes lorsque la loi, parlant du patron et de son affranchi, dit « de cette famille », ou « dans cette famille ». Ici il est évident que la loi parle des différentes personnes. Le mot de famille désigne un groupe qui peut être entendu dans un sens juridique propre ou de droit commun, comme s'appliquant à toute la parenté. Au sens strict « famille » s'entend de plusieurs personnes, soumises par la nature ou le droit à la puissance d'une seule, par exemple le père de famille, la mère de famille, le fils de famille, la fille de famille et ceux qui les suivent, comme les petits-enfants, les petits-fils et petites-filles et ainsi de suite. On appelle père de famille celui qui exerce la maîtrise dans la maison et c'est à bon droit qu'on l'appelle ainsi, même s'il n'a pas d'enfant. Ce n'est pas seulement sa personne que nous désignons, mais le droit. Aussi appelons-nous également un mineur père de famille. Lorsque le père de famille meurt, toutes les têtes qui lui étaient soumises constituent alors des familles distinctes. Il en va de même pour celui qui est émancipé, car, devenu maître de son droit, il a sa propre famille. De droit commun nous appelons famille le groupe de tous les agnats. En effet, même si à la mort du père de famille chacun a sa propre famille, néanmoins tous ceux qui furent soumis à une même puissance sont à bon droit qualifié membres de la famille, eux qui viennent de la même maison et de la même gens.


 
►  Source : Ulpien, Commentaire sur l'Édit, L. 46  = Digeste, L, 16, 195, 1-2.