CICÉRON :
LE DROIT NATUREL ( 54-51 av. J.-C. ) |
( J. Imbert in Histoire des Institutions.., Paris, 1957, p. 223, n. 124 ). |
Il
y a une loi vraie, droite raison, conforme à la nature, diffuse
en tous, constante, éternelle, qui appelle à ce que nous
devons faire en l'ordonnant, et qui détourne du mal qu'elle défend ;
qui cependant, si elle n'ordonne ni défend en vain aux bons,
ne change ni par ses ordres, ni par ses défenses les méchants.
Il est d'institution divine qu'on ne peut pas proposer d'abroger cette
loi, et il n'est pas permis d'y déroger, et elle ne peut pas
être abrogée en entier ; nous ne pouvons, par acte
du sénat ou du peuple, dispenser d'obéir à cette
loi ; il n'est pas à chercher un Sextus Aelius comme commentateur
ou interprète ; elle n'est pas autre à Rome ou à
Athènes ; elle n'est pas autre aujourd'hui que demain ;
mais loi une, et éternelle, et immuable, elle sera pour toutes
nations et de tout temps ; elle sera comme dieu, un et universel,
maître et chef de toutes choses : dieu qui est l'auteur de
cette loi, qui l'a jugée, qui l'a portée ; qui ne
lui obéira pas se fuira lui-même, et, n'ayant pas tenu
compte de la nature de l'homme, il s'infligera par cela même les
peines les plus grandes, même s'il échappe à ces
autres choses que les hommes considèrent comme des châtiments. |
► Source : Cicéron, La République, III, 22. |