TRAITÉ ENTRE ROME ET CARTHAGE
  
( 306 av. J.-C. 
)
 

 
Polybius, Histoires, III, 26 ( Waltz, Paris, 1921 ).

 

 
Les textes de ces traités existent encore : on les conserve gravés sur des tables de bronze, dans les archives des édiles au temple de Jupiter Capitolin. On ne saurait reprocher à l'historien Philinos de ne pas les avoir connus : cette ignorance est excusable, car j'ai vu des Romains et des Carthaginois, même des des plus vieux et des plus instruits dans l'histoire de leur pays, qui ne les connaissaient pas non plus ; mais on est en droit de se demander pourquoi et comment il a osé écrire le contraire de ce qui s'y trouve : il prétend qu'il y avait entre Rome et Carthage des conventions qui fermaient aux Romains toute la Sicile, aux Carthaginois toute l'Italie, et que les Romains les ont transgressées, au mépris de leurs serments, quand ils ont pour la première fois passé en Sicile ; or il n'y a jamais eu une clause de ce genre, on n'en trouverait nulle part la moindre trace. C'est pourtant ce qu'il affirme catégoriquement dans son second livre. J'avais déjà dit un mot de cette question dans mon introduction, mais j'avais attendu jusqu'à maintenant pour en parler en détail, afin de redresser l'erreur où un certain nombre de lecteurs sont tombés sur la foi de Philinos. Sans doute, à propos de cette expédition en Sicile, on peut reprocher aux Romains d'avoir voulu se faire à tout prix des alliés des Mamertins et de s'être ensuite rendus à leurs appels en leur portant secours, malgré la perfidie qu'ils avaient montrée à l'égard de Messine et de Rhégium ; leur conduite, en cette circonstance, est peu défendable. Mais prétendre qu'en débarquant en Sicile ils ont violé leurs traités et leurs serments, c'est faire preuve d'une ignorance notoire.