TRAITÉ ENTRE ROME ET CARTHAGE
  
( 279 av. J.-C. 
)
 

 
Polybius, Histoires, III, 25 ( Waltz, Paris, 1921 ).

 

 
Lors de l'invasion de Pyrrhus, les Romains conclurent encore avec les Carthaginois un troisième traité, le dernier avant la guerre de Sicile. Il maintenait toutes les clauses des pactes précédents, mais en y ajoutant les suivantes : « Si l'un ou l'autre des deux états fait alliance avec Pyrrhus, il devra spécifier par écrit cette condition : il leur sera permis de se venir en aide mutuellement, si l'un des deux est attaqué sur son territoire ; quel que soit celui des deux qui ait besoin de secours, c'est Carthage qui fournira les vaisseaux et pour le transport et pour les combats ; mais chaque pays paiera la solde de ses troupes. Les Carthaginois porteront secours aux Romains même sur mer, en cas de besoin, mais les équipages ne seront jamais obligés de débarquer, s'ils s'y refusent. » Voici par quels serments ces traités étaient confirmés : pour le premier, les Carthaginois jurèrent par les dieux de leurs pères et les Romains, suivant une coutume antique, par Jupiter Lapis ; pour le dernier, ils ajoutèrent une invocation à Mars et à Ényalios. Le serment par Jupiter Lapis se fait ainsi : le prêtre chargé de sanctionner le traité prend une pierre à la main et, après avoir juré par la foi publique, prononce ces paroles : « Si je dis vrai, qu'il m'arrive bonheur ; si je pense autrement que je ne parle, que tous les autres gardent tranquillement, dans leur patrie et sous leurs lois, leurs biens, leurs pénates et leurs tombeaux ; que moi seul je sois rejeté comme je rejette cette pierre. » En disant ces mots, il lance la pierre loin de lui.