TRAITÉ
ENTRE ROME ET CARTHAGE ( 348 av. J.-C. ) |
Polybius, Histoires, III, 24 ( Waltz, Paris, 1921 ). |
Après
ce traité, ils en conclurent un second, où les Carthaginois
firent comprendre les habitants de Tyr et d'Utique, et où ils
ajoutèrent au nom du cap Beau ceux de Mastia et de Tarséion,
points au-delà desquels ils défendaient aux Romains de
faire du butin ou de fonder une ville. En voici à peu près
les termes : « Entre les Romains et leurs alliés
d'une part, les Carthaginois, les habitants de Tyr, d'Utique et leurs
alliés de l'autre, il y aura paix et amitié aux conditions
suivantes ; Les Romains s'abstiendront de faire du butin, de trafiquer
ou de fonder une ville au-delà du cap Beau, de Mastia et de Tarséion.
Si les Carthaginois s'emparent, dans le Latium, d'une place qui ne soit
pas sujette de Rome, ils garderont l'argent et les prisonniers, mais
remettront la place aux Romains. Si les Carthaginois prennent quelque
citoyen d'un peuple qui soit en paix avec Rome de par un traité
formel, mais sans lui être soumis, ils ne le débarqueront
pas dans un port romain ; s'il y est débarqué et
qu'un Romain mette la main sur lui, il sera remis en liberté.
Les Romains, de leur côté, observeront les mêmes
réserves. Si un Romain prend de l'eau ou des vivres dans une
contrée soumise aux Carthaginois, il ne s'en servira pour porter
tort à aucun ami ou allié de Carthage. Si cette clause
est transgressée, on ne devra pas se faire justice soi-même ;
si quelqu'un le fait, la nation entière sera rendue responsable
de ses actes. Les Romains ne pourront ni trafiquer ni fonder une ville
en Sardaigne ou en Afrique ; ils n'y aborderont que pour prendre
des vivres ou radouber leurs vaisseaux ; si une tempête les
y pousse, ils en repartiront dans les cinq jours. A Carthage et dans
la partie de la Sicile où s'exerce la domination des Carthaginois,
ils auront le droit d'agir et de trafiquer comme les citoyens. Il en
sera de même pour les Carthaginois à Rome. »
Dans ce traité, les Carthaginois parlent encore de l'Afrique
et de la Sardaigne comme de pays qui leur appartiennent, et n'accordent
pas aux Romains le droit d'y débarquer ; au contraire, en
ce qui concerne la Sicile, ils spécifient qu'il s'agit seulement
de la partie qui leur est soumise. Les Romains font de même pour
le Latium : ils interdisent aux Carthaginois de porter tort aux
habitants d'Ardée, d'Antium, de Circée et de Terràcine,
c'est-à-dire des villes situées sur la côte du Latium,
car c'est cette province que vise la convention. |