TRAITÉ D'ALLIANCE ENTRE LES ROMAINS ET ANTIOCHUS III
 
(
 188 av. J.-C. 
)
 

 
Livius, XXXVIII, 38 ( Nisard, Paris, 1864 ).
 

 
(1) Là, de l'avis des dix commissaires, un traité fut signé avec Antiochus presque dans les termes suivants : (2) « Alliance est conclue entre le roi Antiochus et le peuple romain à ces conditions : À nulle armée, marchant contre le peuple romain ou contre ses alliés, le roi n'accordera ni passage sur ses terres ou sur celles des peuples de sa dépendance ; ni vivres, ni secours d'aucun genre. (3) À charge de revanche pour les Romains et leurs alliés à l'égard du roi Antiochus et des peuples de sa dépendance. Il est interdit à Antiochus de faire la guerre aux habitants des îles, et de passer en Europe. (4) Antiochus évacuera les villes, campagnes, bourgs et châteaux en deçà du mont Taurus jusqu'au fleuve Halys, et depuis la vallée du Taurus jusqu'à la chaîne, qui regarde la Lycaonie. (5) Il n'emportera aucune arme des places, et territoires et châteaux qu'il est tenu d'évacuer. S'il en emportait, il aurait à en faire bien et dûment la restitution. Soldats ou sujets d'Eumène, il ne recevra personne dans ses états. (6) Tous les habitants des villes démembrées qui peuvent se trouver auprès du roi Antiochus ou sur les terres de son royaume, doivent, dans un terme fixé, revenir à Apamée. (7) Quant aux sujets d'Antiochus qui peuvent être à Rome ou chez les alliés des Romains, libre à eux de s'en aller ou de rester. Esclaves, fugitifs ou prisonniers de guerre, prisonniers ou transfuges de condition libre, tous doivent être rendus aux Romains et à leurs alliés. (8) Le roi devra livrer tous ses éléphants, sans pouvoir s'en procurer d'autres. Il devra remettre ses navires longs avec tous leurs appareils de guerre ; il ne pourra avoir plus de dix galères, dont aucune de plus de trente rames, aucune galiote dans la guerre où il aura été l'agresseur. (9) Il ne pourra naviguer au-delà des promontoires Calycadnus et Sarpedon, hors les cas d'argent, de tribut, d'ambassadeurs ou d'otages à faire porter. (10) Défense est faite au roi Antiochus de lever des troupes mercenaires chez les nations soumises à la domination du peuple romain, et même de recevoir des volontaires de ces nations. (11) Les bâtiments et édifices que les Rhodiens et leurs alliés possèdent sur les terres d'Antiochus devront, comme avant la guerre, appartenir à qui de droit, aux Rhodiens et à leurs alliés. (12) Les sommes dues pourront être réclamées par les créanciers ; en cas de soustractions, chacun aura le droit de rechercher, de reconnaître, de réclamer ses effets. Si quelques-unes des villes qu'Antiochus est tenu de livrer se trouvent aux mains des commandants à qui il les a confiées, il doit les faire évacuer et les faire remettre en toute conscience. (13) Il devra également compter, en bon argent, douze mille talents attiques dans l'espace de douze ans par paiements égaux (chaque talent du poids romain de quatre-vingts livres), et fournir cinq cent quarante mille mesures de blé. (14) Au roi Eumène il paiera trois cent cinquante talents dans l'espace de cinq ans ; et, à la place du blé qu'il lui doit, par estimation, une somme de cent vingt-sept talents. (15) Il donnera aux Romains vingt otages à changer tous les trois ans, les plus jeunes ayant au moins dix-huit ans, les plus âgés au plus quarante-cinq. (16) Si quelque nation alliée du peuple romain déclare la première la guerre à Antiochus, le roi pourra repousser la force par la force, à charge par lui de ne prendre possession d'aucune ville par droit de conquête, de ne faire aucune alliance. (17) Les démêlés devront être terminés entre les partis par les voies juridiques, ou s'ils le préfèrent, par les armes. » (18) Hannibal le Carthaginois, l'Étolien Thoas, Mnasiloque l'Acarnanien, Eubulide et Philon de Chalcis étaient réclamés par un article à part : une dernière clause permettait des additions des retranchements, des modifications ultérieures, sans préjudice de la parole donnée.