SENATUS-CONSULTE
  
SUR LES TERRES DU SANCTUAIRE D'AMPHIARAS
  
( 86-73 av. J.-C. )
 

 
( G. Sautel in Girard & Senn, Les lois des Romains, Napoli, 1977, pp. 294-300, n. 7 ).
 

 
Lettre adressée par les consuls aux habitants d'Oropos ( 73 av. J.-C. ).
 
   Marcus Terentius Varro Lucullus, fils de Marcus, Caius Cassius Longinus, fils de Lucius, consuls, aux magistrats, conseil et peuple des Oropiens, salut.
   Portez-vous bien, tout sera pour le mieux ( si ualetis, bene est ). Nous voulons vous faire savoir que, en exécution d'un sénatus-consulte rendu sous le consulat de Lucius Licinius et Marcus Aurelius, nous avons connu ( cognoscimus ) de la controverse entre ceux qui agissent pour le compte des dieux à Amphiaras et les publicains du lieu, la veille des ides d'octobre, dans la basilique Porcia.
   Ont été présents à notre conseil ( in consilio adfuerunt ) Marcus Claudius Marcellus, fils de Marcus, de la tribu Arnensis... ( suivent 14 autres noms )...
 
Sentence rendue par les consuls ( 73 av. J.-C. ).
 
   Sur la relation faite ( quod... uerba fecerunt ) par Hermodoros, fils d'Olympichos, prêtre d'Amphiaras, antérieurement qualifié d'allié ( socius appellatus ) par le Sénat, Alexidème fils de Théodore, et Demaenetos fils de Théotélos, députés des habitants d'Oropos,
   que, puisque dans les dispositions du bail ( in lege locationis ) les terres, que Lucius Sylla avait concédées pour la sauvegarde des temples sacrés des dieux immortels, ont été exceptées, et que les revenus sur lesquels porte la présente affaire ont été destinés par Lucius Sylla au dieu d'Amphiaras, les revenus de ces terres ne devant pas être versés aux publicains ;
   et sur ce qu'a dit pour le compte des publicains Lucius Domitius Aenobarbus,
   savoir que, puisque dans les dispositions du bail ( in lege locationis ) sont exceptées les terres que Lucius Sylla a concédées pour la sauvegarde des temples sacrés des dieux immortels, mais que cet Amphiarien auquel les terres en question sont dites avoir été concédées n'est pas un dieu, la jouissance de ces terres doit être laissée aux publicains,
   Nous avons rendu notre sentence, sur l'avis de notre conseil ; nous transmettrons au Sénat ce que nous avons jugé ( quod cognouimus ), l'ayant enregistré par ailleurs sur les tablettes de nos archives :
   au sujet de la terre d'Oropos, pour laquelle il y avait litige avec les publicains, elle est exceptée par les dispositions du bail ( ex lege locationis ), en sorte que les publicains ne doivent pas en avoir la jouissance.
   Nous avons jugé de l'affaire en vertu du sénatus-consulte ( Ex senatus consulto cognouimus ).
 
Extrait du bail censorien.
 
   Dans les dispositions du bail ( in lege locationis ), une exception paraît être portée dans les termes ci-dessous :
   « et à l'exception de ce que, en vertu d'un sénatus-consulte, quelque imperator, quelqu'un de nos imperatores, a donné ou remis en jouissance pour l'honneur des dieux immortels et la sauvegarde des temples sacrés, et à l'exception de ce que Lucius Cornelius Sylla, imperator, sur l'avis de son conseil, a donné en jouissance pour la sauvegarde des temples sacrés des dieux immortels, ce qui a été confirmé par le Sénat lui-même et n'a été anéanti ( irritum factum est ) par la suite par aucun sénatusconsulte ».
 
Décret de Sylla ( 86 av. J.-C. ).
 
   Lucius Cornelius Sylla apparaît avoir rendu, sur l'avis de son conseil, la décision suivante :
   « en exécution d'un vœu ( uoti reddendi causa ), je remets au sanctuaire d'Amphiaras un territoire mesurant mille pieds sur chaque côté, en sorte que ce territoire soit consacré ;
   de même, que soient consacrés au dieu d'Amphiaras tous les revenus de la ville, de la terre et des ports des gens d'Oropos, en vue des jeux et sacrifices que les gens d'Oropos offrent au dieu d'Amphiaras, et qu'ils offriront à l'avenir en considération de la victoire et de la domination du peuple romain ( ob victoriam imperiumque populi Romani ), à l'exclusion des terres d'Hermodoros fils d'Olympichos, prêtre d'Amphiaras, lequel est demeuré sans cesse dans l'amitié du peuple romain ( perpetuo in amicitia populi Romani mansit ) ».
 
Sénatus-consulte confirmant le décret précédent ( 86 av. J.-C. ).
 
   Sur cette affaire un sénatus-consulte apparaît avoir été réalisé sous le consulat de Lucius Sylla Felix et Quintus Metellus Pius, et établi par le Sénat dans les termes suivants :
   « ce que Lucius Cornelius Sylla, sur l'avis de son conseil, a livré ou concédé au dieu de Amphiaras et à son sanctuaire, cela même, délibère le Sénat, doit être donné ou concédé à ce dieu ».
   Ont assisté au conseil ( in consilio adfuerunt ) ceux-là mêmes qui figurent sur la première tablette consignant les délibérations, à la quatorzième page.
 
Sénatus-consulte confirmant la sentence des consuls ( 73 av. J.-C. ).
 
   Le sénatus-consulte suivant a été rendu :
   Le 17 des calendes de Novembre, au comitium.
   Ont assisté à l'écriture ( scribendo adfuerunt ) Titus Maenius fils de Titus, de la tribu Lemonia, Quintus Rancius fils de Quintus, de la tribu Claudia, Caius Visellius Varro, fils de Caius, de la tribu Quirina.
   Sur ce que Marcus Lucullus et Caius Cassius, consuls, après en avoir connu, ont rapporté avoir jugé ( causa cognita rettulerunt . . . se cognovisse ) sur le fait de la terre des habitants d'Oropos et des publicains : savoir que la terre des habitants d'Oropos paraît avoir été exceptée par les dispositions du bail ( ex lege locationis ), et qu'il ne paraît pas que les publicains dussent en jouir,
   il a été délibéré ( censuerunt ) [qu'ils agissent] selon qu'il leur apparaîtrait d'après les impératifs de la chose publique et leur propre conscience ( ita ut eis e re publica fideque sua visum esset ).
 


 
►  Source : Table de marbre découverte en 1884 près d'Oropos ( Béotie ).